Le budget de « continuité » attaqué en ouverture des débats

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Ce mardi, l'examen du budget 2026 du Pays s'est ouvert avec les propos liminaires de l'opposition pointant la continuité "paradoxale" d'un budget 2026 en manque de "vision" . En ligne de mire : le montant de la trésorerie disponible, la gestion des établissements publics, et une politique d'investissement jugée peu ambitieuse. Des critiques auxquelles Moetai Brotherson a répondu de manière virulente, avant de faire place à ses ministres.

Un an après une cuvée longue de quatre jours d’examens, les élus de l’Assemblée de Polynésie française se penchent sur le budget du Pays pour 2026, ce mardi. Un budget de continuité, que n’ont pas manqué de critiquer les représentants de l’opposition.

Nuihau Laurey (non-inscrit) a ouvert le bal. Selon lui, la situation budgétaire actuelle est simple : des caisses “remplies”, alimentées par une inflation “particulièrement élevée” . « Je pense que ce budget 2026 révèle un double paradoxe. Celui d’une majorité qui a quand même été élue pour changer le système, pour transformer tous ces outils (…) finalement s’inscrit dans une forme de continuité en utilisant les mêmes outils qui, par contre, sont peut-être un peu plus inadaptés aujourd’hui” .

 

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Second paradoxe pour le leader AHIP, la non-utilisation de cette trésorerie (34 milliards de francs en prenant en compte les encours, indique le ministre de l’Économie Warrend Dexter), qui aurait pu permettre selon lui “un choc de réduction des impôts et des taxes” et la constitution d’un “fonds de type souverain ou intergénérationnel pour se prémunir” des crises mondiales ou amortir l’inflation. « Lorsque, comme c’est le cas aujourd’hui, le Pays dispose d’autant d’argent, ne pas pouvoir placer cet argent constitue un vrai problème financier” , commente-t-il.

Plutôt que d’inaction, Warren Dexter a préféré parler de « prudence » budgétaire, invoquant la nécessité de « garder un minimum dans les caisses du Pays » pour se prémunir contre les « difficultés » futures. « Mêmes motifs pour le désendettement (…) on retrouve des capacités de ré-endettement si besoin” , a-t-il répondu..

Fritch et Brotherson règlent leurs comptes

Édouard Fritch, pour le Tapura, a adopté un ton plus incisif, qualifiant le budget 2026 d’une « réponse comptable aux contraintes extérieures, comme on gère les affaires courantes”. “Ce budget est tout, sauf une réponse politique à la hauteur de la situation de notre Pays (…). Ce budget est sans cap, sans vision, sans stratégie. Ce budget est un constat d’impuissance, sans grand projet” , a-t-il ajouté.

Pour l’ancien président, le gouvernement se « cache derrière les brumes de la communication » faute d’action concrète, guidé par un président qui « excelle dans l’art des illusions”. « Votre « tout ne va pas si mal » vous rend aveugle et cela vous empêche toute forme d’anticipation, a-t-il lancé. Le budget 202626 tient uniquement si le monde reste stable et serein. Or, vous, comme nous, regardons les actualités, tout indique l’inverse » .

Comme la veille, le maire de Pirae s’est étendu sur le sujet du Fonds intercommunal de péréquation (FIP), dénonçant une politique de centralisation et un appauvrissement des communes. « Vos dispositions et vos tours de passe-passe aboutissent à une réduction en valeur du FIP. Vous appauvrissez sciemment les communes (…) c’est un « hold-up ». C’est un choix politique clair, centralisé tout à la caserne broche » .

Des griefs que Moetai Brotherson n’a visiblement pas pris au sérieux, dénonçant le « show » de son prédécesseur avant les municipales. « Quand on me dit qu’il n’y a rien qui a été changé, moi je l’entends. Est-ce que je l’accepte ? Non, parce que c’est faux » , a-t-il argumenté, citantt la suppression de la TVA sociale, la fin du Contrat d’Accompagnement dans l’Emploi (CAE) au profit de systèmes d’aide à l’emploi sans “déviance politicienne” et la réforme du Régime de Solidarité (RNS), qui a fait l’objet d’un recours de la CPME devant le Conseil d’État. “Si la continuité, c’est de reprendre, améliorer des dispositifs qui étaient bons, alors si, je l’ai dit à de multiples reprises, quand c’est bien fait, il n’y a pas de raison de changer” .

Le président du Pays a ensuite lancé une attaque directe contre le projet avorté du centre aquacole de Hao, sous la précédente mandature, « 8 milliards » de Fcfp pour un projet “absolument insensé” . “Quelle réalisation structurante, monsieur Fritch, aviez-vous fait à mi-mandat de votre premier mandat ? Pas grand-chose, à vrai dire (…). On ne va pas vous changer à vos âges, et on ne va pas vous changer avec le parcours politique qui est le vôtre” .

La séance a été suspendue à 12h10, avant une reprise des discussions à 13h30.

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