Faire du rhum polynésien « une valeur ajoutée pour le fenua » : le vœu de Marotea Vitrac

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À la veille du premier Festival du Rhum, Marotea Vitrac, président du syndicat des producteurs de rhum pur jus de canne, défend une vision engagée : celle d’une filière locale forte, fondée sur la canne à sucre polynésienne et le savoir-faire des distilleries du fenua. Pour lui, ce rendez-vous n’est pas seulement une fête, mais une étape vers la reconnaissance et la structuration d’un secteur agricole porteur d’avenir.

TNTV : Vous êtes donc le président du syndicat des producteurs de rhum pur jus de canne de Polynésie. C’est donc le premier festival du genre en Polynésie. Avant d’évoquer ce qui attend le public ce vendredi 14 novembre, quel est l’objectif derrière ce festival ?
Marotea Vitrac : « L’objectif derrière ce festival, c’est la promotion des produits fabriqués par nos distilleries, c’est-à-dire le rhum pur jus de canne. Et c’est toute une filière qui s’engage derrière, c’est-à-dire une filière agricole avec la production de canne à sucre, la valorisation de nos belles variétés ancestrales de canne à sucre qui fait la grande particularité de nos produits. »

TNTV : Et c’est aussi un festival pour évoquer votre démarche pour obtenir cette indication géographique.
Marotea Vitrac : « On en parle depuis quelques mois, on en parle même depuis quelques années, sauf que là effectivement ça se précise. Cette indication géographique elle est assez avancée dans le processus puisque ça fait six ans qu’on est dessus, donc on a constitué notre syndicat qui est l’organisme de gestion, on a également fait appel à un certificateur extérieur qui est l’organisme de contrôle et on a un cahier des charges, on a un plan de contrôle, on a déposé ce dossier à la direction d’agriculture pour études il y a déjà quelques mois puisque la procédure l’exige. Le dossier a été soumis à enquête publique pour pouvoir ensuite prendre par un arrêté en Conseil des ministres la décision d’octroyer l’indication géographique, la reconnaissance locale du fait du statut de la Polynésie et une délégation de compétences de l’INAO, l’Institut National des Appellations d’Origine, pour pouvoir reconnaître localement l’indication géographique. »

TNTV : Cette reconnaissance, concrètement, que va-t-elle apporter ?
Marotea Vitrac : « Cette reconnaissance elle apporte énormément de choses. Il faut savoir que les Antillais, on se compare quand même toujours un peu, même si à l’avenir j’espère qu’on aura beaucoup moins à le faire, mais l’indication géographique pour les Antillais, qui était l’appellation d’origine contrôlée,leur a permis de doubler leur vente à l’export. C’est quelque chose de très significatif parce que c’est des dizaines d’emplois qui ont été créés, voire des centaines aujourd’hui, c’est une très très grosse filière. Et ça permet aussi à nos distilleries de marcher main dans la main, d’avancer dans le même sens, et de garantir toujours la toute première qualité au consommateur. C’est véritablement le gage de qualité et le gage de continuité. »

TNTV : Entre 200 et 400 personnes sont attendues ce vendredi. Comment comptez-vous faire pour faire connaître ce savoir-faire au public ?
Marotea Vitrac : « C’est très simple. Les distilleries sont présentes, elles accueillent le public. Donc effectivement il y a un ticket d’entrée qui est à prendre. Ce n’est pas gratuit, mais en tout cas c’est très peu onéreux vis-à-vis de la qualité et de la quantité qui sera disponible. Alors la quantité en termes de diversité, pas en quantité d’alcool bien sûr, parce qu’il ne s’agit pas de saouler la population, mais bien évidemment de mettre à dégustation. On parle de quelques centilitres. Pour un ticket d’entrée de 2000 francs, pris sur notre page, vous avez l’occasion, avec votre verre, on vous offre un verre au logoté syndicat des producteurs de rhum. Et vous pouvez passer parmi toutes les distilleries qui ont au moins 4 ou 5 rhums à vous faire découvrir chacune. »

TNTV : Des dégustations mais aussi des masterclass ?
Marotea Vitrac : « Alors il y a des dégustations, ça c’est pour le grand public, qui va rentrer simplement sur réservation, un petit peu plus à l’avance. Vous avez l’occasion de réserver une masterclass pour une expérience un peu plus ciblée, un peu plus approfondie, avec le producteur pendant 50 minutes. On est 5 distilleries, il y aura 5 masterclass, entre 11h et 18h. Et là il y aura chaque particularité de chaque maison de rhum de Polynésie qui sera développée par les producteurs. Ça permettra aussi de connaître l’histoire de la canne à sucre en Polynésie. »

TNTV : Vous êtes connu ici pour être un vrai passionné de la filière, et même en train d’écrire une thèse sur le sujet. Qu’est-ce qui vous anime ? Comment vous est venue cette passion ?
Marotea Vitrac : « Je suis quelqu’un de passionné dans tout ce que je fais. Voilà, c’est mon mode de fonctionnement. Je suis très investi dans cette filière. Pourquoi ? Parce que j’ai fait des études d’ingénieur, donc je suis ingénieur de formation. Je me suis tout de suite spécialisé en procédés de concentration, dont la distillation. Et puis j’ai toujours aimé la fête. J’ai toujours aimé profiter des bonnes choses, on va dire, plutôt. Et ça continue encore aujourd’hui. Et je me suis retrouvé avec l’envie de développer quelque chose pour le Fenua, qui s’est précisé de plus en plus avec les années. Et je me suis aperçu que dans toutes les îles tropicales du monde, il y avait très clairement de la canne et du rhum. Et je me suis dit, voilà, c’est un produit qui se concentre, qui ne s’abîme pas, qui se bonifie avec le temps. C’est vraiment une valeur ajoutée qui est possible pour la Polynésie (…). J’arrive aussi dans une période de ma vie ou d’un point de vue un peu plus personnel. La Polynésie m’a beaucoup offert. Je m’estime extrêmement chanceux de vivre tout ce que je vis aujourd’hui, d’être les pionniers avec la bande de copains qu’on est finalement, parce que c’est ça l’histoire, de créer ce truc-là. On rêve grand, on veut rendre à la Polynésie ce qu’elle nous offre au quotidien. Et on veut qu’il y ait 1 000 hectares, on veut qu’il y ait une filière. Ça fait 6 ans que j’en parle et je ne vais pas lâcher l’affaire. Si dans 20 ans, il y a ces 1 000 hectares, avec 3 000 emplois sur l’ensemble de la Polynésie, ce serait l’objectif à terme. »

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