Après 15 ans, Christophe Plée annonce qu’il quittera la présidence de la CPME

Publié le

Invité du journal sur TNTV lundi soir, Christophe Plée, président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) de Polynésie, a évoqué le « French Pacific Business Forum » qui se tiendra les 12 et 13 mars 2026 à Auckland. Il est également revenu sur la situation économique du fenua, les réformes gouvernementales comme le RNS, la question du foncier, ainsi que la fin de son mandat à la tête de la CPME.

TNTV : Ce forum veut aider les entreprises polynésiennes à développer leur business en Nouvelle-Zélande. Quel est l’intérêt concrètement pour elles d’aller s’implanter là-bas ?
Christophe Plée : « Alors d’abord, c’est organisé par la CPME Nouvelle-Calédonie et la CPME Polynésie française. C’est la troisième édition. On emmène des entreprises qui le souhaitent de divers secteurs : services, perliculture, tourisme. Pour celles qui veulent se développer en Nouvelle-Zélande ou trouver des clients, des distributeurs pour leur business en Polynésie. Ça va dans les deux sens. La dernière édition avait eu un très fort succès. Je rappelle que c’est patronné par l’ambassade de France en Nouvelle-Zélande et la Chambre de commerce internationale française de Nouvelle-Zélande. On fait du sur-mesure. On emmène une dizaine à une quinzaine de chefs d’entreprise là-bas et on prépare pour eux les contacts pendant deux jours. Il y a évidemment des interventions pour leur montrer la fiscalité néo-zélandaise, mais aussi du B2B avec des chefs d’entreprise qui peuvent créer du business à l’import ou à l’export. »

TNTV : Alors c’est uniquement de l’import-export. Dans quel domaine concrètement ? Quelles sont les opportunités ?
Christophe Plée : « On peut faire de la perliculture, vendre des perles, proposer des services, de l’ingénierie, de l’informatique. On peut trouver des contacts avec un des pays de la zone qui est un des plus proches de nous. Et je rappelle, c’est cinq heures de vol. Il faut s’inscrire et venir participer à ces deux journées. L’avantage, c’est que c’est totalement gratuit. Le chef d’entreprise n’a qu’à payer son déplacement et son hébergement sur place. À partir du moment où il est là-bas, c’est gratuit et on l’accompagne. »

TNTV : Le Pays a dévoilé la semaine dernière son rapport d’orientation budgétaire pour 2026 aux élus de l’Assemblée. Ce rapport manque d’ambition selon l’opposition. Quel est votre avis sur la question ?
Christophe Plée : « Écoutez, c’est quand même un gouvernement qu’on a attendu pendant un an et demi pour des décisions. Maintenant, on a des textes qui sont arrivés, beaucoup allant à l’encontre des intérêts des chefs d’entreprise, comme vous l’avez vu sur le RNS. Pour le moment, on dépense l’argent qu’on a dans les caisses, mais il faudra se remotiver, en tout cas réformer la Polynésie pendant qu’on va bien. Parce qu’après des moments forts, il y a toujours des moments faibles, c’est comme ça. L’économie est toujours cyclique. Ce qu’on attend du gouvernement, c’est qu’il régularise le travail. Le marché du travail est complètement dérégulé, il faut réguler certains sujets que les chefs d’entreprise attendent. On attend des mesures pour se développer et continuer le business. Pour l’instant, on prend de l’argent, mais on ne voit pas les projets à venir ni la projection sur les années futures. »

TNTV : Vous parliez du RNS tout à l’heure. L’Assemblée a adopté le texte sur les nouvelles conditions d’affiliation au régime des non-salariés. Vous avez déposé un recours contre ce texte. Pourquoi ?
Christophe Plée : « Bien sûr, parce que c’est un texte qui va à l’encontre des petits chefs d’entreprise et notamment des patentés qui vont bientôt faire des déclarations de revenus sur leur patrimoine quand le texte passera. »

TNTV : Et pourtant, le gouvernement dit que ce n’est pas un impôt sur le revenu, mais une mesure pour plus d’équité sociale.
Christophe Plée : « Non, c’est un impôt sur le revenu. Il ne faut pas tourner autour du pot. Quand on demande des cotisations qui ne sont pas les mêmes aux salariés qu’aux non-salariés, quand on impose aux gens du RNS une taxe à 9,84 %, c’est bien un impôt sur le patrimoine et sur les revenus. C’est ça, la grande nouveauté. »

TNTV : Mais qu’est-ce que vous attendez ? Qu’espérez-vous ?
Christophe Plée : « Nous avons fait un recours, car jusqu’au bout, nous défendons les petites entreprises de ce pays. La CPME est complètement dans son rôle. Il y a, je crois, deux ou trois recours, mais la seule organisation patronale qui fait recours sur le RNS, c’est bien la CPME de Polynésie. C’est le dernier rempart pour toutes les petites entreprises face à des décisions politiques prises à leur encontre. »

TNTV : Lors de votre dernière assemblée générale, vous avez évoqué la multiplication des arrêts maladie de complaisance. Vous appelez le Conseil d’administration de la CPS à se saisir de cette problématique. Concrètement, quel est l’état des lieux ? Est-ce que vous avez été entendu ?
Christophe Plée : « J’attends toujours la réponse du courrier que j’ai envoyé à la Caisse de prévoyance sociale. On a l’impression qu’il ne se passe pas grand-chose. Il y a urgence au vu des arrêts de trois jours qui se multiplient de façon incroyable. Tout le monde est au courant, tout le monde le sait. Et notre Caisse de prévoyance sociale, aujourd’hui, ne dit pas ce qu’elle va faire. La seule chose qu’on demande, c’est de compter le nombre d’arrêts de trois jours. Aujourd’hui, on n’a toujours pas la réponse. Personne ne sait combien il y a d’arrêts de trois jours en Polynésie française. Cela fait un mois et demi que j’ai écrit, j’attends toujours la réponse de la Caisse de prévoyance. »

TNTV : Le foncier manque pour les entreprises, c’est une autre problématique que vous avez évoquée lors de votre assemblée générale. Concrètement, c’est quoi ? C’est le coût du foncier ? Le manque de terrain pour les entreprises ?
Christophe Plée : « Vous savez, le foncier pour l’entreprise, c’est comme le logement pour les jeunes et les jeunes salariés de ce pays. C’est une grosse problématique. C’est cher. Les loyers sont chers. Les chefs d’entreprise, quand ils montent une activité, ont besoin de s’installer quelque part. Ce qui a été évoqué lors de notre assemblée générale, c’est qu’il faut aller à la rencontre des maires. On va organiser une rencontre avec eux pour leur dire : si vous voulez des entreprises dans vos communes, il faut leur réserver du foncier pour qu’elles puissent s’installer, parce qu’aujourd’hui les tarifs sont fous. Les prix de l’immobilier sont fous. Une entreprise qui se crée n’a pas des millions à investir. L’idée, c’est d’approcher les tavana, d’avoir un lien avec eux, et leur dire que quand ils aident une entreprise d’un jeune de leur commune, ils aident peut-être l’emploi de demain, car cette entreprise va créer de l’emploi. »

TNTV : Christophe Plée, cela fait 15 ans maintenant que vous êtes à la tête de la CPME. Votre mandat arrive à échéance. Vous confirmez ce soir que vous ne vous représenterez pas après 15 années ?
Christophe Plée : « Je confirme que je souhaite me retirer et laisser la place à d’autres du poste de président. Je resterai dans l’équipe de la CPME pour aider le futur président dans ses missions, parce qu’il n’y a malheureusement pas foule de candidats pour reprendre ce poste. »

TNTV : Vous partez, c’est un travail fastidieux ?
Christophe Plée : « C’est un mi-temps pour représenter les petites entreprises. Il faut rencontrer les institutions et défendre pied à pied des décisions prises alors que beaucoup ne connaissent pas l’entreprise, pour la grande majorité d’entre eux. »

TNTV : Des noms circulent déjà pour vous succéder ?
Christophe Plée : « Il y en a. On a entendu Frédéric Daffiniette, alias Léo Marais. Oui, il fait partie des personnes qui ont la possibilité de reprendre le poste. On verra au moment venu avec notre assemblée générale et l’ensemble de nos adhérents qui pourront reprendre la place. »

Dernières news

A lire aussi

Activer le son Couper le son