Fille de Goenda Reea, maître de conférences en lettres, langues et civilisations polynésiennes à l’université de la Polynésie française, et de Steeve Reea, fondateur de la Tahiti Choir School – tous deux lauréats au Heiva respectivement en écriture et en chant – May Artea a grandi dans un environnement où l’art et la culture étaient omniprésents.
« Quand maman écrivait pour des groupes de danse et que papa chantait, je les accompagnais aux répétitions. J’avais envie de faire partie de ça« , se souvient-elle. Cette immersion précoce nourrit son regard artistique et sa sensibilité aux récits, aux chants et aux gestes de la tradition.
De la communication à la peinture
Si le dessin l’accompagne depuis l’enfance, May Artea ne se dirige pas immédiatement vers une carrière artistique. Après des études en communication, elle part en Nouvelle-Zélande en Working Holiday Visa. C’est à ce moment qu’elle décide de vendre ses créations en ligne.
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« Au départ, je ne savais pas comment m’y prendre, je prenais juste en photo mes toiles. Mais quand les gens ont commencé à s’y intéresser, ça m’a motivée à poursuivre« , raconte-telle.
Ruriāpō, une exposition intime
Pour cette première exposition, près d’une vingtaine d’oeuvres – peintures et impressions de creations digitiales – invitent à voyager dans un monde onirique, entre deuil, amour, voyage et nature.
« Je ne veux pas représenter le deuil de manière sombre. Dans notre culture, il y a l’idée d’un autre monde, le Pō, où nos proches continuent de vivre. Je montre ce lien à travers des signes, souvent liés à la nature« , explique-t-elle.
Les rêves, eux, traversent ses toiles comme une réminiscence de son imaginaire d’enfant : couleur vives, paysages inspirés de Tahiti, mais revisités à travers un style influencé par les mangas et l’animation.
Entre tradition et modernité
Si ses parents évoluent dans le chant, la danse et la littérature, May Artea choisit la peinture, sans renier ses racines.
« J’ai grandi avec internet et des styles venus d’ailleurs, tout en étant au quotidien, plongée dans la culture polynésienne. Mon style, c’est la fusion naturelle de ces deux mondes« , résume-t-elle.
Le vernissage du 20 août sera accompagné d’une prestation chorale de la Tahiti Choir School, clin d’oeil à son histoire familiale et à la communauté artistique qui l’entoure.
Transmettre autrement
Pour la jeune artiste, la transmission culturelle est un enjeu essentiel : « On a une belle culture. Si on veut qu’elle perdure, chacun doit la partager à sa manière et à son échelle. » Son message aux jeunes créateurs est clair : « Même si votre art ne rentre pas dans les codes traditionneles, il faut se lancer. Avec les moyens qu’on a aujourd’hui, il faut essayer.«
Infos pratiques : Exposition « Ruriāpō – fragments de rêves », du 20 au 23 août 2025 – 8h à 17h, Maison de la Culture, salle Muriāvai, Papeete, Vernissage : mercredi 20 août à 18h (entrée libre)