Ces pirogues sont le lien vital qui connecte les îles du Pacifique ; et celles-ci ont une mission bien particulière. L’une d’elles, Tepuke, une embarcation moins taillée pour la haute mer que sa cousine hawaïenne Hokule’a, sillonne le vaste archipel des Salomon.
À son bord, seule une équipe de jeunes marins a été choisie par le directeur de l’association Vaka Valo, l’ancien médecin Dr Simon Salopuka. Fier de sa jeunesse, il explique l’importance de leurs enseignements : “Nous commençons à former notre jeunesse. Nous leur expliquons comment se préparer pour construire un vaka. Il faut d’abord faire le jardin. C’est la première chose que tu dois savoir avant de passer à de plus grandes choses. Si tu ne sais pas comment faire un jardin, tu ne peux pas construire un vaka.”
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L’arrivée des deux vaka, Tepuke et Uto Ni Yalo, a été célébrée par une centaine de danseurs au rythme des danses traditionnelle, sous le regard attentif des 18 présidents et Premiers ministres d’Océanie.
L’autre pirogue, l’uto Ni Yalo est la sœur fidjienne de la pirogue tahitienne Faafaite. Son équipage, qui compte quelques francophones, milite pour un message fort : le classement de 30% des eaux en aires marines protégées et l’intégration des savoirs ancestraux dans la gestion des politiques maritimes. Parmi eux, Aïle Tikoupe, un navigateur de l’Île des Pins, insiste sur cette approche : “Nous voulions aussi parler de l’intégration des concepts autochtones dans la gestion. C’est quelque chose qui me tient à cœur, chez nous. D’ailleurs, c’est ce sur quoi je travaille dans le cadre du projet de la Vision canadienne de l’océan : l’intégration des concepts dans la gestion et dans l’élaboration des politiques publiques. ”
« Nous avons parlé de nos îles qui sombrent. C’est la réalité du changement climatique. Nos îles s’enfoncent, nos coraux meurent — et ce sont les impacts que mon peuple subit déjà. »
Ce voyage, au-delà de la navigation aux étoiles, est aussi un cri d’alarme contre les dangers du réchauffement climatique. Le message le plus poignant a été porté par une jeune porte-parole, Lijella Salopuka, du village Tamako, de l’île Duff. Elle a été choisie pour faire entendre la voix de son peuple, confronté aux premières lignes des changements climatiques. “Nous avons parlé de nos îles qui sombrent. C’est la réalité du changement climatique. Nos îles s’enfoncent, nos coraux meurent — et ce sont les impacts que mon peuple subit déjà. Le message que nous apportons est simple mais urgent : nous appelons nos dirigeants mondiaux à se tourner vers nous et à nous aider. ”
Lijella est persuadée que les dirigeants du Pacifique ne resteront pas sourds face à la détresse de son petit village. Elle incarne le cri des peuples insulaires du Pacifique, qui par-delà les océans, refusent de disparaître.