« Dayna Tavaearii, c’est une femme passionnée de chant traditionnel depuis toute petite, entourée de ses parents qui chantonnaient différentes sortes de chants, y compris du chant traditionnel« , raconte-t-elle. C’est dans l’Église protestante ma’ohi qu’elle forge son amour pour cette pratique collective, avant de se produire sur scène. En 1995, elle participe à son premier Tiurai à Vai’ete avec Ahutoru Nui et décroche le 3e prix en ‘Ūtē Paripari. Deux ans plus tard, elle mène un pupu hīmene de 2 000 choristes et musiciens au stade Pater pour célébrer les 200 ans de l’arrivée de l’Évangile.
Enseignante et directrice de Pū Taru’u
Après seize années comme animatrice à l’UCJG (Union Chrétienne de Jeunes Gens) de l’Église protestante ma’ohi, Dayna se consacre à l’enseignement du chant traditionnel. Depuis 2008, elle partage son savoir dans les écoles, les groupes de danse et en septembre 2023, elle ouvre son école Pū Taru’u à Arue, avant de créer une seconde classe à Taravao. Son enseignement est ouvert à tous, enfants comme adultes, et s’adapte aux événements du calendrier culturel, du Matari’i i nia aux concours du Ta’urua Hīmene et du Heiva I Tahiti. « Je ne choisis pas les personnes, j’enseigne à tous ceux qui me le demandent« , confie-t-elle. Elle poursuit : « Mettre en valeur le chant traditionnel dans les écoles, c’est un honneur de partager ça avec les enfants. »
– PUBLICITE –



Dayna a également joué un rôle institutionnel en siégeant au comité de refonte du règlement du Heiva I Tahiti, et en étant membre du jury en 2012, 2015, 2022 et 2025.
Une influence majeure sur la scène culturelle
Elle a mené plusieurs groupes au Heiva I Tahiti et dirige Taru’u, récompensé à plusieurs reprises. En 2023, son groupe a brillé sur To’atā avant de faire une pause en 2024, laissant la place à d’autres collectifs formés à ses côtés.

Son enseignement a contribué à faire émerger une nouvelle génération de compositeurs et de chefs de pupu hīmene qui se distinguent dans les grands concours, comme le groupe Mehau mené par Steeve Reea, également directeur de l’école « Tahiti Choir School ». Son impact va au-delà de ses propres élèves. Elle a formé de futurs leaders culturels qui continuent de transmettre l’essence du Hīmene Tumu et de composer de nouvelles œuvres, tout en restant fidèle aux traditions.


Une reconnaissance inattendue
La distinction nationale l’a profondément émue : « J’ai été surprise. (…) Peu importe la médaille, être choisie par l’État, c’est fort. » Elle voit dans cette récompense un encouragement à continuer : « Le chant est tatoué dans mon cœur. Et tout ce que j’ai acquis, je ne dois pas le garder pour moi, je dois le transmettre.«
Dayna rêve désormais d’une école entièrement dédiée au hīmene, de la maternelle jusqu’à l’université. Elle appelle la jeunesse à reprendre le flambeau : « N’ayez pas honte de votre culture. Sachez que ça vous appartient. C’est un cadeau de nos tupuna. (…) C’est notre richesse. Il faut que le chant traditionnel vive à travers vous.«
Sa médaille consacre une carrière d’enseignante, de chef de pupu et de militante culturelle, mais surtout une mission qu’elle poursuit avec passion : faire résonner la voix de nos ancêtres et transmettre le hīmene tumu pour que, demain encore, il continue de vibrer sur To’atā et dans les coeurs.