« Quand j’ai rencontré le président Macron hier (mercredi), il m’a dit: ‘J’ai honte de moi parce que j’ai fait des promesses que je n’ai pas tenues’ » , a dit le Jotham Napat lors d’une rencontre avec des chercheurs, diplomates et journalistes à l’Institut français des relations internationales (Ifri).
« Cela nous a donné de faux espoirs » , a ajouté M. Napat.
Selon l’Elysée, lors de la rencontre mercredi au palais présidentiel, le président français a dit « vouloir faire avancer plus rapidement » les projets de coopération entre les deux pays.
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Lors d’une visite à Port-Vila en juillet 2023, M. Macron avait promis que « l’Agence française de développement (allait) se réengager dans toute la région. Deux cents millions d’euros seront consacrés au Pacifique par l’Agence française de développement sur ce quinquennat, soit cinq fois plus que les cinq années passées » .
Contacté par l’AFP, le directeur général de l’Agence française du Développement (AFD) a expliqué: « En 2024, nous avons validé 65 millions d’euros d’aide au développement de la région Pacifique, soit plus que la tranche annuelle prévue de 50 millions par an jusqu’à la fin du quinquennat en 2027, avec des projets notamment en Papouasie Nouvelle-Guinée et aussi au niveau régional » .
Concernant le Vanuatu proprement dit, « le premier octroi vient d’être approuvé le 9 juillet 2025. Il s’agit d’un projet de santé pour 5 millions d’euros pour trois centres de santé sur l’île de Pentecôte, couplé avec la formation des personnels de santé. C’est un projet coordonné avec l’Australie (…). On a eu besoin d’un peu de temps pour se coordonner et ne pas dupliquer. Il y a aussi un projet d’aide pour répondre aux séismes qui est en cours de mise en place. Et d’autres financements à venir » .
Cette lenteur illustre la difficulté de déployer de manière crédible une « stratégie indo-pacifique » , un des axes prioritaires de la France, réaffirmé courant juillet par la publication de la nouvelle mouture de la stratégie pour cette zone, de plus en plus centrale dans les relations internationales où les facteurs de crise se multiplient et où l’expansion chinoise modifie profondément les équilibres, et où elle a de nombreux intérêts.
« Les propos du Premier ministre illustrent parfaitement les limites de l’influence française » dans la région, explique à l’AFP Céline Pajon, chercheure sur le Japon et l’indo-pacifique à l’Ifri.
La nouvelle stratégie française « reflète bien les fortes contraintes à la fois économiques et geostratégiques qui limitent notre engagement dans la zone. Nous n’avons pas la force de frappe financière, ni les outils nécessaires pour se mesurer aux contributions de l’Australie, acteur et partenaire historique de la zone, d’une part, et de la Chine d’autre part, qui déverse ses crédits sans s’embarrasser des standards en termes d’endettement, des normes environnementales et sociales ou de déontologie » .
Par ailleurs, M. Napat a dit espérer des avancées « dans les six mois » sur le différend territorial qui oppose le Vanuatu à la France pour la souveraineté des îles Matthew et Hunter, deux confettis de terre à environ 300 kilomètres des côtes françaises de Nouvelle-Calédonie et des côtes d’une île de Vanuatu.
Lors de la rencontre, selon l’Elysée, « il a été convenu de poursuivre les échanges sur la question. Le sujet Matthew et Hunter avait déjà été évoqué lors de la visite du Président en 2023. Les échanges vont se poursuivre » .