Au premier jour de sa visite, Naïma Moutchou rencontrera les acteurs économiques du territoire, alors que la Nouvelle-Calédonie est plongée dans une crise sans précédent : depuis les violences de 2024 qui ont fait des milliards d’euros de dégâts, le PIB a chuté de 13% et la relance ne s’est pas amorcée en 2025.
Les recettes fiscales sont en diminution de 26%, selon les estimations du gouvernement calédonien, qui tablait à l’origine sur une baisse de 20%.
Conséquence, du milliard d’euros de prêt garanti par l’Etat (PGE) contracté auprès de l’Agence française de développement pour éviter la banqueroute, ne restent que 200 millions. Des sommes par ailleurs fléchées sur les exercices 2026 et 2027.
« Je ne donne pas cher de nous collectivement » , s’inquiète Philippe Michel, président du groupe Calédonie ensemble (non-indépendantiste) au Congrès. L’élu estime « le ‘gap’ pour boucler le budget 2026 du territoire à 500 millions d’euros. Et ce n’est pas avec les prêts à taux usuraires imposés par l’Etat que l’on va s’en sortir » .
Le PGE a fait grimper le taux d’endettement de l’archipel à 360% et la Nouvelle-Calédonie doit commencer à rembourser dès 2026.
Le taux d’intérêt, fixé à 4,54%, fait grincer des dents la quasi-totalité des élus, qui réclament « la solidarité nationale » et la transformation d’une partie du prêt en subvention dès 2026. Mais le budget Outre-mer, qui doit être discuté mi-novembre à l’Assemblée nationale dans le cadre du Projet de loi de finances ne prévoit rien à ce sujet.
Quelque 11 000 emplois ont été détruits dans l’archipel de 260.000 habitants depuis l’explosion de violences de 2024. Le maire LR de Dumbéa-sur-mer, commune limitrophe de Nouméa, particulièrement touchée par les violences, observe une forte dégradation des conditions de vie de la population.
« On a 800 élèves en moins dans nos cantines, pointe Yohann Lecourieux, parce que les gens ne peuvent plus payer. On vient de nous annoncer une enveloppe destinée à l’aide sociale, mais c’est insuffisant face à l’ampleur des difficultés rencontrées par nos concitoyens » .
A Bourail, commune rurale du centre de la Grande Terre, la fin de l’année se termine moins difficilement que prévu, mais « c’est la saison des récoltes. L’emploi saisonnier a permis aux familles de terminer l’année, mais je suis très inquiet pour l’année prochaine » , s’inquiète le maire, Patrick Robelin (sans étiquette), qui appelle à des « réformes d’ampleur » et à « un sursaut collectif » .
Les deux associations de maires de l’archipel ont écrit à la ministre des Outre-mer pour lui faire part de leurs difficultés. Elles rencontreront Naïma Moutchou au dernier jour de sa visite.



