Avec des vents allant jusqu’à 280 kilomètres par heure, l’ouragan Melissa figure en catégorie 5, maximale, sur l’échelle de Saffir-Simpson et devrait frapper l’île de plein fouet tôt mardi.
S’il ne perd pas en intensité, il s’agira du plus puissant ouragan à toucher terre en Jamaïque depuis le début des suivis météorologiques.
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Le Premier ministre de la Jamaïque, Andrew Holness, a alerté sur des risques de dégâts particulièrement importants pour l’ouest du pays. « Je ne pense pas qu’une seule infrastructure de cette région puisse résister à un ouragan de catégorie 5, donc il pourrait y avoir d’importantes destructions », a-t-il déclaré sur CNN, appelant les habitants « à monter sur les hauteurs, à protéger vos biens et votre famille », et surtout à évacuer les zones les plus à risques.
Refus d’évacuer
Mais de leur propre aveu, de nombreux habitants ont refusé de suivre les consignes des autorités. « Je ne veux tout simplement pas partir« , explique Jennifer Ramdial, une pêcheuse, rencontrée lundi par l’AFP à Port-Royal, petite bourgade historique près de la capitale Kingston.
« Même s’il était de catégorie 6, je ne bougerais pas« , abonde Roy Brown, un plombier et carreleur, bien que l’échelle de Saffir-Simpson s’arrête à la catégorie 5.
Selon lui, nombre de personnes ont refusé de fuir la localité en raison de mauvaises expériences passées dans les abris anti-ouragans proposés par les autorités.
Evoluant depuis plusieurs jours dans les Caraïbes, l’ouragan a déjà fait au moins quatre morts en Haïti et en République dominicaine, qui étaient toujours lundi sous la menace de pluies importantes pouvant entraîner des glissements de terrain et inondations. Dans le sud du pays, plusieurs personnes avaient trouvé refuge dans un bar à Flagaman.
« Je suis vraiment inquiet pour les gens« , confie à l’AFP Enrico Coke, un fermier qui dit craindre que les pêcheurs et agriculteurs ne paient le plus lourd tribut.
Les autorités ont exhorté la population à se mettre à l’abri en prévision des vents puissants et pluies torrentielles qui doivent s’abattre sur le territoire et pourraient causer d’importants dégâts matériels ainsi que des coupures prolongées d’électricité et des communications.
Des précipitations torrentielles pouvant entraîner jusqu’à plus d’un mètre de pluie sont notamment attendues par endroit, a prévenu Michael Brennan, le directeur du Centre américain des ouragans (NHC).
Changement climatique
L’inquiétude est d’autant plus grande que l’ouragan Melissa évolue à une vitesse très basse, de six kilomètres par heure. Les pluies torrentielles et vents puissants pourraient donc s’éterniser sur les localités affectées.
Pour le climatologue Daniel Gliford, le changement climatique aggrave par ailleurs « tous les aspects les plus néfastes de l’ouragan Melissa ».
« Il entraîne des précipitations et des submersions côtières plus importantes et avec des intensités plus fortes que ce qui aurait été observé dans un monde sans changement climatique« , insiste l’expert auprès de l’AFP.
Le dernier ouragan majeur à avoir touché terre en Jamaïque était l’ouragan Gilbert de septembre 1988. De catégorie 3 ou plus sur l’échelle de Saffir-Simpson, il avait fait 40 morts et d’énormes dégâts dans le pays.
Depuis, l’île avait été frappée par plusieurs ouragans, dont certains majeurs, le dernier en date étant Béryl, en juillet 2024, qui n’y avait toutefois pas touché terre.
Anormalement puissant pour cette période de l’année, il avait provoqué de fortes pluies et des vents violents, faisant au moins quatre morts.
A l’approche de l’arrivée de l’ouragan Melissa, les autorités jamaïcaines ont fermé les ports ainsi que l’aéroport international qui dessert la capitale.
L’ouragan menace également l’est de Cuba ainsi que le sud des Bahamas et l’archipel des îles Turques-et-Caïques, un territoire britannique.



