À Honiara aux Salomon, le « Betel nut », la noix de bétel, est préférée au chewing-gum ou à la cigarette. « Il faut mordre dedans pour arracher la peau et manger ensuite le fruit à l’intérieur, décrit Junior Siosi, fervent consommateur. Ensuite, tu mâches la noix de bétel, et puis tu prends une feuille que tu trempes dans ta poudre de corail, ce qui donne une couleur rougeâtre… Et c’est aussi bon pour la bouche. Ça renforce les dents.«
Des dents plus fortes, pas vraiment une certitude quand on observe la bouche des consommateurs réguliers…
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Une grande partie des maigres revenus salomonais est consacré à la noix de betel. Le fruit se vend partout au bord des routes. Une vente à la sauvette illégale et passible d’amende, mais tolérée la plupart du temps.

Pour un achat légal, il faut aller dans un des trois marchés de Honiara consacrés aux ‘betel nuts’.
« Ici, c’est un espace privé, et les propriétaires le louent aux vendeurs de noix de bétel. Ils louent aussi les tables. Donc tous ceux qui viennent vendre des noix de bétel ici, doivent louer ces tables« , explique Stanley Ebesei, vendeur de noix de bétel.

Les clients de tous les âges se pressent ici, pour tâter les noix, vendues moins de 30 francs Pacifique. Elles ne doivent être ni trop molles, ni trop dures. Certains font des stocks pour quelques jours, mais beaucoup consomment sur place.
« La raison principale pour laquelle les gens mâchent la noix de bétel, aujourd’hui, c’est pour s’engourdir le cerveau, estime Thomas Wate, consommateur de noix de bétel. Parce que la vie est dure. C’est ce que je pense.«
Malgré ses effets, la noix de bétel n’est pas considérée comme une drogue aux Îles Salomon. Mais c’est une source de revenus importante, dans ces îles où les petits salaires approchent les 20 000 Fcfp par mois.
« Ici, aux Îles Salomon, ça rapporte de vendre des noix de bétel. Il y a des gens qui achètent leurs voitures, simplement en vendant ces noix, confie Jo Siryu, consommateur. Grâce à ça, ils peuvent aussi construire leur maison. »
Le fruit est mâché, puis le jus est craché. Le sol est constellé de tâches orange, et les poubelles du marché regorgent de salive. Mais l’hygiène n’est pas le plus grave. La consommation intensive provoque des cancers de la bouche et de la gorge, mais aussi de nombreuses autres pathologies. Une tradition pourtant bien arrimée aux dents des Mélanésiens, dès le plus jeune âge.