En déplacement à Rurutu, Manuel Valls a réagi au rejet de l’accord de Bougival pour l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie par l’Union calédonienne (UC), principale composante du FLNKS, ce lundi. Les délégués de la commission exécutive de l’UC estiment que le texte ne répond pas aux aspirations du peuple kanak et préparent une nouvelle étape de discussions politiques selon les Nouvelles calédoniennes.
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Pour le ministre des Outre-mer, en revanche, l’accord représente « une chance pour la Nouvelle-Calédonie » après des décennies d’impasse et les violences de mai 2024.
« Il n’y a pas eu d’accord en Nouvelle-Calédonie depuis 1998, 27 ans, où au fond les différentes parties de la Nouvelle-Calédonie, les différents partenaires n’avaient pas trouvé l’occasion de bâtir un accord, » rappelle-t-il. « Aujourd’hui, vous le savez, son économie est à terre, nous risquons à tout moment une explosion sociale, une grande partie de la jeunesse est marginalisée, le secteur de la santé est en très grande difficulté (…). Je n’oublie pas qu’il y a eu des morts, des blessés, que la haine, le racisme, le rejet de l’autre se sont malheureusement installés », ajoute-t-il.
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Rappelant les différents points prévus par le texte – la création d’un État de la Nouvelle-Calédonie doté de deux nationalités, l’élargissement du corps électoral et la possibilité, à terme, de transférer des compétences régaliennes sous conditions – Manuel Valls appelle à la patience. « Il faut se laisser encore quelques jours, quelques semaines, pour que chacun prenne pleinement conscience des avancées de Bougival« , répète-t-il. « Il n’y avait pas eu d’accord global, on avait cherché à changer le corps électoral en mai 2024, et ça avait été l’une des raisons qui avaient abouti aux violences que vous connaissez. Donc moi, ce que je demande à chacun, c’est de bien lire l’accord, de bien l’expliquer, le gouvernement, l’état sont là aussi pour apporter des éléments » , plaide-t-il.
« Un pari de la confiance »
« Il est impossible que cet accord ne soit pas mis en oeuvre, parce que nous sauterions vraiment dans l’inconnu, alors qu’il faut reconstruire, qu’il faut rassurer les investisseurs » , estime le ministe.
Plus qu’un texte technique, l’accord de Bougival porte une vision politique, selon Manuel Valls. « J’ai lu ici ou là que certains disaient que c’était impossible, que le verrou rendait impossible ce transfert, je ne le crois pas, ce que nous avons fait tous ensemble c’est d’éviter de nouveau les référendums couperets qui jettent les calédoniens les uns contre les autres, donc cet accord de Bougival. Cet accord de Bougival, c’est un pari de la confiance, et c’est un rappel des mots de Jean-Marie Tjibaou, le pari de l’intelligence, qui consiste à bâtir un sens, un destin commun, une société calédonienne unie. »
Pour Manuel Valls, il appartient aux formations politiques locales de prendre la main et de convaincre leurs bases, pour « éviter le chaos » , « la violence » , et la « haine » . « C’est le moment de penser plus à la Nouvelle-Calédonie qu’à ses propres partis, qu’à sa propre formation, et je ne doute pas que c’est l’état d’esprit de chacun aujourd’hui, nous rendrons Nouvelle-Calédonie quand ce sera bien évidemment utile » , conclut le ministre.