Cette suspension prendra effet « d’ici le 14 mai » , ont annoncé les deux premières puissances économiques mondiales, après deux jours de négociations à Genève.
Concrètement, les deux camps acceptent de réduire largement -à 30% pour Washington et 10% pour Pékin- les surtaxes qu’ils s’imposent mutuellement, contre respectivement 145% et 125% après l’escalade initiée par Donald Trump début avril.
La nouvelle a rassuré les marchés, Wall Street terminant lundi largement dans le vert, avec un Dow Jones prenant 2,81%, le Nasdaq 4,35% et le S&P 500 3,26%.
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« Nous avons réalisé une remise à zéro complète avec la Chine, après des discussions productives à Genève. Chacun a accepté de réduire les droits de douane imposés depuis le 2 avril à 10% pour 90 jours et les négociations vont se poursuivre sur les aspects structurels plus larges » , a déclaré le président américain.
Le total des droits de douane imposés par les États-Unis est en fait de 30% car Washington n’a pas retiré une surtaxe de 20% mise en place avant le mois d’avril.
Donald Trump espère désormais discuter avec son homologue chinois Xi Jinping, « peut-être à la fin de la semaine » .
Il s’agit d’un premier signe concret d’apaisement dans cette guerre commerciale qui a fait tanguer les marchés financiers et alimenté des craintes d’inflation et de ralentissement économique, aux États-Unis, en Chine et dans le reste du monde.
Depuis Genève, le ministre américain des Finances Scott Bessent a souligné que les importantes barrières douanières instaurées ces derniers mois avaient de facto mis en place un « embargo » sur les échanges entre les deux pays.
La réduction de ces droits de douane est « dans l’intérêt commun du monde » , a commenté le ministère chinois du Commerce, saluant des « progrès substantiels » avec Washington.
« Accord plus étoffé »
Dans un entretien avec la chaîne américaine CNBC lundi, M. Bessent a évoqué une nouvelle réunion sino-américaine « dans les prochaines semaines pour travailler à un accord plus étoffé » .
Il a notamment dit vouloir parler avec Pékin des restrictions autres que les droits de douane, appelées « barrières non tarifaires » , qui empêchent selon lui les entreprises américaines de prospérer en Chine. Il s’agit traditionnellement de licences ou de quotas d’importation.
« En réalité, la Chine a des droits de douane peu élevés. Ce sont ces barrières non tarifaires, plus insidieuses, qui nuisent aux entreprises américaines qui veulent y faire des affaires » , a-t-il déclaré.
Selon l’autre négociateur américain à Genève, le représentant au Commerce Jamieson Greer, Washington et Pékin vont également « travailler de façon constructive » sur la question du fentanyl, un puissant opioïde de synthèse qui fait des ravages aux États-Unis et dont les précurseurs chimiques sont fabriqués en partie en Chine.
Ce sujet est la base légale de la surtaxe de 20% entrée en vigueur avant avril.
L’annonce sino-américaine « va au-delà de ce qu’attendaient les marchés » , a souligné Zhiwei Zhang, président et économiste en chef de Pinpoint Asset Management, qui y voit un « bon point de départ pour que les deux pays négocient » .
« Du point de vue de la Chine, le résultat de ces négociations est un succès, car elle a adopté une position de fermeté face à la menace américaine de droits de douane élevés, et est parvenue à les faire baisser drastiquement sans faire de concessions » , a-t-il relevé.
Mais si cette trêve constitue un « progrès important » , « il y a encore des efforts à fournir pour parvenir à un accord formel » et la situation « pourrait se dégrader » , a mis en garde Daniela Sabin Hathorn, analyste de Capital.com.
Selon une des responsables de la Réserve fédérale américaine, Adriana Kugler, l’accalmie entre les Etats-Unis et la Chine est « évidemment un progrès » . Mais, ajoute-t-elle, les droits de douane appliqués « restent assez élevés » et devraient quand même conduire à « une hausse des prix et à un ralentissement de l’économie » , cependant d’une ampleur moindre qu’initialement craint.