En Nouvelle-Calédonie, Valls face au rejet par le FLNKS de l’accord de Bougival

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    En mission en Nouvelle-Calédonie pour tenter de sauver l'accord de Bougival sur l'avenir du territoire, le ministre des Outre-mer Manuel Valls a enchaîné mercredi les rencontres avec les forces politiques locales, sous le signe d'un clivage persistant avec le FLNKS, le principal mouvement indépendantiste.

    « L’accord de Bougival est une opportunité historique, saisissez-la« , a lancé Manuel Valls dans la matinée devant le Sénat coutumier, également critique vis-à-vis du texte, se disant « convaincu qu’il n’y a pas d’alternative crédible « .

    Le ministre des Outre-mer a ensuite rencontré une délégation du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), qui a rejeté la semaine dernière l’accord de Bougival (Yvelines) signé en juillet après dix jours de négociations entre l’Etat, les indépendantistes et les non-indépendantistes.

    Après deux heures et demie d’échanges, la délégation a quitté la réunion sans faire de commentaire, souhaitant d’abord rendre compte au président du mouvement Christian Tein, sous contrôle judiciaire et interdit de séjour en Nouvelle-Calédonie.

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    Mis en examen pour son rôle présumé dans les violences qui ont secoué le territoire en 2024, celui-ci a été chargé de « superviser les discussions  » lors du congrès extraordinaire du Front le 9 août.

    Mais dans un communiqué, le mouvement a expliqué avoir « rappelé au ministre les raisons profondes de son désaccord « , au cours de discussions « sereines, mais fermes « .

    « Affirmer que sans Bougival le pays plongerait dans le néant est une contre-vérité « , a martelé le FLNKS, répétant ses ambitions : refus de « tout report des élections provinciales « , initialement prévues pour fin novembre au plus tard, et exigence d’un « nouvel accord politique avec une date claire d’accession à la pleine souveraineté avant 2027 « .

    La délégation ayant rencontré Manuel Valls était majoritairement composée de membres de petites formations politiques dites nationalistes, intégrées au FLNKS en août 2024. Absents, en revanche, les responsables qui avaient négocié à Bougival et validé le texte en juillet, dont le député Emmanuel Tjibaou.

    La semaine dernière, Manuel Valls avait averti que « sans accord, sans stabilité politique, il n’y aura pas de repreneurs pour le nickel, la pénurie de soignants perdurera et les inégalités continueront de se creuser » dans la collectivité française du Pacifique, encore marquée par les émeutes de 2024.

    Bras de fer

    Le FLNKS est le seul mouvement calédonien à avoir rejeté l’accord de Bougival, qui prévoit la création d’un Etat de Nouvelle-Calédonie doté d’une nationalité propre, tout en restant inscrit dans la Constitution française. Il implique aussi le report des élections provinciales, cruciales sur l’archipel, à mi-2026.

    Les indépendantistes du Parti de libération Kanak (Palika) et de l’Union progressiste en Mélanésie (UPM), qui ont pris leurs distances du FLNKS, ont eux donné leur feu vert, de même que l’Eveil océanien, partie charnière qui ne se positionne pas sur la question de l’indépendance et l’ensemble du camp non-indépendantiste.

    Mercredi, Manuel Valls a aussi reçu mercredi les représentants loyalistes. « Le ministre est déterminé à poursuivre le chemin validé par la majorité « , a salué Virginie Ruffenach, du parti loyaliste Rassemblement-LR.

    Au cours de cette première journée, le ministre des Outre-mer a aussi échangé avec des responsables de terrain mais seuls 14 des 33 maires avaient fait le déplacement, plusieurs élus FLNKS étant absents.

    « Certaines communes ont dû fermer leurs centres d’action sociale « , a alerté Pascal Vittori, maire non-indépendantiste de Boulouparis tandis que Patrick Robelin, le maire de Bourail, a mis en garde contre « un risque d’explosion sociale« .

    Ce déplacement se déroule dans un climat encore marqué par les émeutes de mai 2024, déclenchées par un projet de réforme électorale, qui avaient fait 14 morts et coûté plus de deux milliards d’euros de dégâts. Selon l’Institut d’émission d’Outre-mer, le PIB de la Nouvelle-Calédonie a enregistré une baisse comprise entre 10 et 15%.

    Après cette première journée de rencontres, Manuel Valls doit lancer jeudi le « comité de rédaction  » chargé de « lever toute ambiguïté et clarifier l’esprit de l’accord « , selon un courrier envoyé la semaine dernière aux signataires, avant de poursuivre sa visite dans le nord, confronté à une grave pénurie de soignants depuis les violences.

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