Au lendemain des annonces choc du Premier ministre, dont la suppression de deux jours fériés et le gel des prestations sociales et des retraites, pour réaliser 43,8 milliards d’euros « d’économies » en 2026, ses fidèles ont continué à défendre un effort « indispensable » et « équitablement réparti ».
Emmanuel Macron a salué en conseil des ministres un plan qui a « la vertu du courage, de l’audace et de la lucidité », selon la porte-parole du gouvernement. Depuis Lourdes, il a défendu une « stratégie solide » dont « le pays a besoin », notamment pour « réformer ».
Et si d’autres forces politiques « ont des idées plus intelligentes », le Premier ministre « les recevra », a lancé le chef de l’État.
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Il ne s’est en revanche pas prononcé sur la proposition du gouvernement de supprimer deux jours fériés. En 2019 il avait dit qu’il n’y était « pas favorable ».
Mais les partenaires du Premier ministre au sein du socle commun ont semblé divisés.
Le chef de file des députés Renaissance Gabriel Attal a salué sur X « la volonté du Premier ministre » de faire face à « l’ampleur du redressement budgétaire à faire, et la reprise de notre désendettement ».
Alors que le patron d’Horizons et candidat à la présidentielle Édouard Philippe ne trouvait, dans Le Parisien, « quasiment rien dans ce que propose François Bayrou » qui « règle le problème », sauf « un plan d’urgence » qui a « tout le mérite d’un plan d’urgence, mais aussi ses limites ».
« Jalons »
A droite, le président des Républicains et ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a estimé qu’un « parti de gouvernement » comme le sien « ne peut pas se défausser » sur le budget et promis de travailler à des « propositions », tout en reconnaissant que M. Bayrou avait posé « un certain nombre de jalons » sur la dette.
Dans un communiqué, il a souhaité « amender » les mesures touchant les retraités. « Tout est négociable, sauf les 43,8 milliards d’économies », lui a répondu sur BFMTV la porte-parole LR du gouvernement, Sophie Primas, en défendant un effort « collectif ».
Pour le chef de file des députés LR, Laurent Wauquiez, le plan a « le mérite de chercher des solutions » mais il doit être « corrigé et amélioré » en s’attaquant à « l’assistanat » et aux « dépenses indues liées à l’immigration ».
Enfin, rien ne semblait trouver grâce au RN ou chez LFI.
Dès mardi, Marine Le Pen a agité la censure avant de cibler mercredi la baisse du taux du livret A, jugée « désastreuse et confiscatoire pour les classes moyennes et populaires ».
Chez LFI, le président de la commission des Finances, Eric Coquerel, veut censurer « au plus vite ce budget trumpiste » et attend « évidemment les socialistes au rendez-vous ».
« Personne ne veut voter un tel budget », a jugé le rapporteur du budget Charles de Courson (Liot), qui se demande si « le Premier ministre, en faisant cela, n’organise pas sa sortie ».
« Discuter »
Aucune censure ne pourra toutefois être votée sans le PS. Et le gouvernement veut croire un « compromis » possible comme pour le budget 2025.
« Nous allons discuter avec tous les partis. Évidemment, il y a probablement davantage de possibilités de parvenir à un accord avec le Parti socialiste », a reconnu Eric Lombard, ministre de l’Economie.
Mais si le PS n’a pas fermé la porte à une discussion, il tire à boulets rouges sur la copie gouvernementale.
« Les propositions du gouvernement ne sont pas acceptables et n’offrent pas de base de négociation », a prévenu le chef de file des députés PS Boris Vallaud, dénonçant un « musée des horreurs libérales ».
Les socialistes entendent discuter sur la base de leurs propres propositions, dont la taxe dite Zucman, qui consiste à imposer à hauteur de 2% le patrimoine des milliardaires.
Mais le gouvernement ne veut pas de cet impôt « extrêmement injuste » qui entraînerait « une fragilisation de notre système économique », selon Mme Primas. Il se contente de maintenir la contribution différentielle sur les hauts revenus aux contours encore flous.
Pour arriver à un accord, le gouvernement mise sur le temps, les discussions budgétaires ne démarrant qu’en octobre.
« On a devant nous beaucoup de temps, ce qui est une chance » même si « nous ne voulons pas que ce compromis ressemble à une entente de couloir », a plaidé la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin.
Mais le temps peut jouer dans les deux sens. Côté syndical, la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, a appelé à la « mobilisation » à la rentrée « pour empêcher ces régressions sociales » .