A l’Elysée, un énième jour sans fin

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Un email d'invitation nocturne, une énième réunion de la dernière chance à l'Elysée, un président toujours aussi mystérieux et toujours "pas d'éclaircie" ni de Premier ministre: le feuilleton politique a encore patiné vendredi... Un nouveau jour sans fin, avant le prochain coup de théâtre ?

Les téléphones ont bipé peu avant 2H00 du matin. Le message vient de l’Elysée: alors qu’il a promis un Premier ministre avant vendredi soir, Emmanuel Macron convie les forces politiques au palais présidentiel à 14H30.

Laconique, l’invitation ne mentionne pas d’objet. « Je n’ai jamais vu ça« , dira plus tard l’un des invités, le chef du Parti radical de gauche Guillaume Lacroix. Lui comme d’autres n’avaient pas veillé aussi tard: certains sont même réveillés par des journalistes leur apprenant la nouvelle vers six heures du matin.

 

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La liste des invités, elle aussi, interpelle. Pas de Rassemblement national ni de France insoumise, qui appellent respectivement à la dissolution et à la démission du président. Pas non plus de Raphaël Glucksmann, pourtant reçu à Matignon dans la semaine.

Au Sénat, Gérard Larcher fulmine: les présidents des groupes parlementaires de la chambre haute sont laissés de côté, quand bien même la Haute assemblée pèse lourd dans l’examen du budget. 

Le ténor des Républicains s’en inquiète par SMS à Emmanuel Macron… Il n’aura pas de réponse avant le début de la réunion. 

« Responsabilité collective »

Gabriel Attal, Edouard Philippe, Marc Fesneau, Bruno Retailleau, Olivier Faure, Marine Tondelier, Fabien Roussel… En tout, ils seront 16 autour d’Emmanuel Macron, président resté muet depuis la démission lundi de Sébastien Lecornu dans le sillage de l’implosion du socle commun.

Un Premier ministre démissionnaire… bientôt reconduit ? La rumeur d’une confirmation de l’éphémère locataire de Matignon, fidèle parmi les fidèles, semble tenir la corde.

Mais elle est loin de faire l’unanimité au sein même du camp présidentiel. Les tirs de barrage ne tardent pas: il ne faut « pas donner le sentiment de s’acharner à vouloir garder la main sur tout« , martèle Gabriel Attal. Lecornu II, « je pense que ça passe pas », abonde un cadre MoDem. « Ça ne va pas être un bon signal« , renchérit Hervé Marseille, le centriste de l’UDI.

Bernard Cazeneuve, Jean-Louis Borloo, Pierre Moscovici… Les autres noms qui circulent semblent s’éloigner. C’est le moment que l’Elysée choisit pour faire monter la pression: cette réunion « doit être un moment de responsabilité collective« , assène la présidence, faisant planer, à nouveau, le spectre d’une nouvelle dissolution. 

Sourire aux lèvres, Marine Le Pen déambule en plein soleil au 131e congrès national des pompiers au Mans. « Nous, c’est avec les Français que nous avons rendez-vous« , lance celle qui semble déjà faire campagne, bien loin de la « réunion de marchands de tapis » prévue à l’Elysée, selon ses mots.

Les Insoumis regardent également cela de loin. Interrogé par une journaliste pour savoir ce qu’il allait faire dans l’après-midi, Manuel Bompard, coordinateur du mouvement, répond dans un sourire: « La sieste ! »

« Tout ça va mal se terminer »

Enfin les portes de l’Elysée s’ouvrent. Socialistes, communistes et écologistes arrivent soudés. L’ex-socle commun, lui, en ordre dispersé. Même Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau (LR) n’entrent pas ensemble. 

Un peu plus tôt, le second ne faisait pas mystère de son avenir, laissant entendre devant les pompiers, au Mans, que « ses fonctions » s’achevaient. Les soldats du feu lui offrent un casque. « J’en aurai bien besoin ! » répond le patron des Républicains.

Dans le palais présidentiel, rien ne filtre. Privés de téléphone, les participants écoutent le chef de l’Etat. Mais, surprise, ce dernier, stylo et carnet en main, ne dévoile aucun nom.

« Il ne nous a rien dit« , peste Boris Vallaud (PS) après 2h30 de réunion. « Pas d’éclaircie », fulmine Fabien Roussel (PCF). « Circonspection« , « inquiétude », « sidération« … Les oppositions sortent de l’Elysée sans grande certitude. Le président n’a pas encore joué toutes ses cartes. « C’était lunaire. Ça tirait de partout. On a assisté en direct aux bisbilles du socle commun« , décrit un participant.

Plus improbable encore, c’est le méconnu député ariégeois Laurent Panifous, chef du petit groupe indépendant Liot à l’Assemblée, qui donne à la presse les premières informations en langage télégraphique: « A priori pas de dissolution. Nomination d’un Premier ministre dans les prochaines heures. » Les partis, peu avancés, convoquent leurs instances décisionnaires… Mais la décision présidentielle se fait encore attendre.

Lecornu II ? La gauche à Matignon ? Une nouvelle surprise ? Ou une énième procrastination ? L’Ecologiste Marine Tondelier conclut: « Tout ça va très mal se terminer. »

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