Titaua Porcher, un souffle autochtone sur la littérature

    Pour Titaua Porcher, la littérature océanienne francophone est un sujet de recherche en constante évolution, au sein d’une société en plein renouveau culturel. Femmes de Polynésie vous présente une autrice passionnée à la fois par l’écriture et par notre époque.

    Titaua Porcher est polynésienne et fière de l’être.

    « Mes tupuna sont ici, je suis originaire de Tahiti. »

    Spécialiste de la littérature francophone et du 20e siècle, elle se prête aussi au jeu de l’écriture.

    « Je commence à comprendre que je suis une artiste. Plus j’avance dans le temps et plus cette part de moi prend le dessus sur le reste. Je sens que c’est quelque chose qui me fait du bien, qui me nourrit. »

    Dramaturge et maître de conférence de surcroit, Titaua se plaît à porter plusieurs cordes à son arc.

    « On n’est pas obligé de choisir, on peut aimer plusieurs choses. »

    Ses œuvres sont des pièces de théâtre, que l’autrice met elle-même en scène. Cependant, ce parcours de vie était loin d’être tracé.

    « Enfant, j’étais trop timide, trop réservée pour le théâtre. Mais ça m’a toujours fascinée. À partir du moment où le rideau se lève, c’est ce temps du rêve. On a cet espace-là, qui nous permet de pénétrer dans un monde qui est différent. »

    C’est donc durant ses études, lorsqu’elle quitte la Polynésie pour poursuivre sa licence de lettres à Paris, que Titaua Porcher se décide à sortir de sa zone de confort et à prendre des cours de théâtre. Cette passion ne la quittera plus.

    En 2018, elle publie l’ouvrage Hina, Maui et compagnie  aux éditions Au Vent des îles.

    « C’est vraiment la comédie qui m’a portée. J’aime penser à ce que je peux apporter, un rire, un sourire, une réflexion même… Ce livre est une réécriture du mythe de Hina et du cocotier, qui m’a fascinée quand j’étais enfant. C’est à la fois retrouver cet imaginaire, le faire revivre et en même temps peut-être le détourner ou lui donner un sens autre.»

    Une pièce drôle, empreinte de mythes et de traditions polynésiennes.

    « Écrire, c’était à la fois provoquer le rire chez les gens, et se réapproprier un patrimoine, le faire vivre. »

    À l’instar de Molière ou encore Corneille, notre écrivaine ne se cantonne pas à faire vivre ses répliques sur les pages d’un livre. Hina, Maui et compagnie devient un spectacle à part entière.

    « Je n’ai pas du tout pensé en premier à la publication. Je me suis dit, je vais avoir un texte que je vais pouvoir jouer. Pour moi, c’est comme un canevas, une base à partir de laquelle on peut créer. »

    En 2023, elle signe sa nouvelle pièce Oh My ! Omai, qu’elle met en scène la même année.

    Ainsi Titaua Porcher s’empare de ce monde d’illusions. Ce faisant, elle découvre les joies qui se jouent sur les planches, et en coulisses.

    « Quand on est dans une troupe de théâtre, on est tout un groupe à vouloir partager quelque chose avec les autres et entre nous. Même si le travail d’écriture est un travail solitaire, qui n’est pas forcément destiné aux autres d’ailleurs. »

    À l’Université, les cours de Titaua Porcher portent majoritairement sur la littérature océanienne francophone.

    « C’est une littérature qui est neuve, les auteurs dont je parle, je peux les inviter dans mes cours. »

    En effet, si les cultures du Pacifique sont reconnues pour la transmission orale des savoirs, voici quelques années que des auteurs et autrices émergent, laissant entendre leur voix aux yeux des lecteurs.

    « C’est un français qui prend un souffle autochtone. Dans le texte lui-même, il y a du souffle, une respiration. »

    Selon Titaua, ce mouvement n’est pas anodin. Il provient d’un désir de reconquête de la parole autochtone, qui se veut racontée par les concernés.

    « Pour moi, c’est fondamental. Ce sont des littératures originales, qui portent souvent l’histoire d’une confrontation entre des univers linguistiques et culturels différents, qui émergent dans des contextes coloniaux. »

    Synonymes de renouveau culturel, ces littératures permettent à leurs auteurs de faire part de questionnements, de dysfonctionnements, d’une identité proprement océanienne.

    « L’idée, c’est de confronter le passé et le présent pour porter un regard sur notre société actuelle. »

    Enfin, comme tant d’autres, mais avec une grâce qui n’appartient qu’à elle, Titaua Porcher nous exhorte à honorer ces littératures et à célébrer nos cultures.

    « Si tu veux que les choses changent, il faut participer à ce changement. »

    ©Photos :  Titaua Porcher pour Femmes de Polynésie

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