Punaheihere Prokop est comédienne. De la scène à l’écran, elle évolue avec brio, au gré des émotions des personnages qu’elle incarne. Pour Femmes de Polynésie, elle revient sur son parcours, ses échecs, ses rêves, et ses projets à venir.
S’INITIER À TOUS LES SAVOIR-FAIRE
Enfant du fenua, Punaheihere Prokop se démarque par sa verve assurée. Vocabulaire aisé, élocution impeccable, rire tonitruant, elle était faite pour jouer.
« Ce que j’aime, c’est manifester de la joie et de bons moments passés ensemble. C’est peut-être ce qui m’a mené vers le théâtre. Quand j’étais petite, je ne savais pas vraiment quoi faire comme métier, mes choix étaient éclectiques. Puis je me suis dit qu’un acteur, finalement, ça fait tous les métiers. »

Après son baccalauréat, elle quitte la Polynésie pour poursuivre ses études à Paris. Elle tombe alors sur une émission qui présente les stages d’été des Cours Florent, une école réputée dans le domaine de la formation d’acteurs et de professionnels de l’art dramatique. Elle y ressort diplômée après trois années de formation.
« Je me suis dit que c’était l’occasion d’ouvrir une porte qui m’avait toujours attirée. J’ai adoré ! »
LA VÉRITÉ DU VOYAGE
Une fois ses études de philosophie terminées, piquée par l’art de la représentation, elle se consacre à développer sa carrière. Mais Paris est un océan dans lequel il est commode de se noyer parmi les alevins ambitieux.
« C’était difficile de se confronter aux castings. »

Peu encline à se laisser décourager, la jeune femme n’abandonne pas ses rêves de scène. Passionnée également par sa culture polynésienne, elle la valorise en tant que danseuse de ‘ori Tahiti lors de plusieurs évènements prestigieux (Festival du film de Cabourg, VII Jeux de la Francophonie, etc…). Elle porte aussi une attention particulière à transmettre les fondamentaux de la culture traditionnelle au travers de conférences, notamment lors des journées du patrimoine du Musée des Beaux-Arts à Dunkerque ou encore au Musée du Quai Branly à Paris. Ainsi, sa culture lui permet de découvrir des pays à travers l’Europe, et au-delà des frontières.
« Grâce à ma culture, j’ai connu le monde. »
UN RENOUVELLEMENT NÉCESSAIRE
En 2015, elle décide de revenir à Tahiti pour enseigner le français et la philosophie au lycée.
« J’avais un feu intérieur qui continuait de brûler. »
Trois ans plus tard, elle retente sa chance dans la capitale française, avec de nouveaux objectifs.

« J’ai mieux axé ma stratégie, réfléchi à ce qui me manquait. J’ai pris des cours pour orienter mon jeu de manière plus organique et naturelle. »
Punaheihere Prokop joue dans des clips, des courts-métrages, des pubs, des pièces de théâtre, et même un long-métrage indépendant. Elle devient également animatrice au Musée Grévin.
BRISER LE PLAFOND DE VERRE
En 2021, après avoir exploré son potentiel comme elle l’entendait, elle retrouve à nouveau sa terre natale, pour des raisons familiales.
« Je n’avais plus cette envie de repartir, c’était un nouveau chapitre qui s’ouvrait. »

Notre comédienne s’accorde une année blanche, avant de reprendre de plus belle. En 2023, elle joue dans la pièce Haute Couture de Laurence Bouthéon (mise en scène par l’auteure), et dans Lynn une adaptation d’un conte pour enfant (mise en scène par Tania Jurkiewicz et Nadège Gabbero). En 2025, Punaheihere tient deux des rôles principaux dans deux pièces différentes : Huiroro, les visions du destin de Martin Coeroli (mise en scène de Christine Benett) et En Attendant Godot de Samuel Beckett (mise en scène de Léonore Caneri). Les représentations se jouent à une semaine d’écart.
« Cette année, j’ai compris que j’étais capable d’enchaîner des rôles importants. »
INCARNER, SUR LES PLANCHES ET DEVANT LA CAMÉRA
Si on lui demandait de choisir entre le théâtre et le cinéma, Punaheihere en serait incapable. Chacun de ces arts lui insuffle une passion différente et complémentaire.

« Avec le théâtre, on a cette connexion directe avec le public, on joue au jeu de la vie. Bon gré mal gré, c’est du one shot ! Vivre et délivrer le moment présent, le plus simplement et le plus densément possible. Le cinéma est autre, il est possible de faire plusieurs prises et les contraintes ne sont pas les mêmes. Le point commun au final est que tu es le personnage, tu vis le personnage, et c’est ça qui est fabuleux. »
UNE DESTINÉE EN ÉLEVATION
« J’arrive à un autre chapitre de ma vie. Je souhaite continuer de parfaire mon art, le spectacle vivant et le cinéma. Être dans cette effervescence de créativité, ce partage, cette énergie, s’améliorer, s’inspirer des autres… »

Aujourd’hui, Punaheihere Prokop continue d’apprendre et de partager ce qui l’anime avec toujours plus de ferveur.
« Ne vous laissez pas définir par le regard des autres. Soyez libres et dans la joie ! C’est quelque chose que j’essaie d’appliquer tous les jours. Vous êtes le propre créateur de votre vie. »
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©Photos : Cartouche Louise-Michèle et Florence Tatry pour Femmes de Polynésie