Clara Janoyer, l’œil avisé d’une artiste qui ose rêver grand

    Regard azuré et timide, c’est à travers lui que Clara Janoyer s’exprime. Née à Tahiti, la photographe parcourt aujourd’hui l’Europe pour immortaliser parmi les plus grandes scènes du vieux continent. Femmes de Polynésie vous présente une photographe portée par sa soif d’images. 

    C’est sur la côte ouest de l’île que Clara Janoyer grandit et tombe amoureuse de la lumière.

    « Je prenais les appareils photos de ma mère et de ma grand-mère. »

    Enfant déjà, elle se plaît à observer le monde à travers un objectif. Cet intérêt naissant donne lieu à une réelle passion lorsqu’en 2011, elle se voit offrir son premier boîtier.

    « Un dinosaure que j’ai gardé jusqu’à il y a un an ou deux. Je m’y suis sérieusement intéressée quand j’ai pu piquer un ordi à mon père et expérimenter la retouche. »

    Autodidacte, l’adolescente introvertie découvre une manière de s’exprimer autrement que par les mots.

    « Ce qui m’a intéressée, c’est construire un tableau qui m’appartient. Capturer ma propre vision d’un paysage, d’un rire, d’une émotion, d’une lumière… »

    © Awa_roa

    Cette activité, elle la pratique seule mais également, avec des amies du lycée, elles aussi, en quête d’images. Leur intérêt commun leur permet d’acquérir collectivement un savoir-faire.

    « On allait les unes chez les autres, pour s’entraîner, développer des idées. »

    L’ÉVIDENTE HARMONIE

    Clara se cherche encore artistiquement. Finalement, ce qui lui plaît, c’est d’accorder l’image au son.

    « Le concert en lui-même… j’ai baigné dedans avec mes amis musiciens. Le monde de la nuit m’attirait. Voir d’autres artistes performer, être avec eux, c’était vraiment un échange. Chacun fait son art, comme un travail d’équipe. On ne communique pas mais on s’exprime en simultané. »

    Dire Straits Experience ©Clara Janoyer

    À 18 ans, elle flâne dans les rues cacophoniques de Papeete, à la recherche d’un chœur que saurait flatter son œil.

    « Le Tahiti Metal Head, ce sont les premiers à m’avoir contactée. Leur musique me touchait, il s’en dégageait une puissance… C’était évident de commencer par là. »

    Tahiti Metal Head 2018 ©Clara Janoyer

    Rapidement, elle devient la photographe officielle des festivals organisés par cette association. La jeune femme s’y reconnaît, et aujourd’hui encore, se réfère  à eux comme « une famille ».

    Toutefois, un événement par an ne permet pas à Clara de se professionnaliser. Elle travaille donc, à droite et à gauche, immortalisant des soirées dansantes, festives… Mais, cet univers lui déplaît.

    © Apo_klypse

    « L’événementiel m’a dégoûtée en tant que jeune femme dans un monde qui inclut beaucoup d’alcool et de fête. »

    Clara se demande alors si elle ne serait pas trompée de voie. Durant trois ans, elle ne touche plus à son appareil photos, abandonnant même l’idée d’en faire son métier.

    Puis, vient le jour où elle se rend au concert d’Ayo. Subjuguée, elle regrette de n’être que spectatrice et de ne pouvoir capturer ces instants.

    « J’ai décidé de revenir trois fois pour prendre des photos. Ça m’a redonné cette envie de créer des tableaux. C’était une période où je me suis refamiliarisée avec mon appareil et mon imagination. »

    Ayo ©Clara Janoyer

    La machine se relance. En 2022, Clara Janoyer coorganise l’exposition Te Vahine avec le collectif Feruri Nō Ananahi et expose son travail pour la première fois.

    Elle sait désormais ce qu’elle veut faire, l’a toujours su au fond d’elle-même : de la photographie de concert. Elle est embauchée par la boîte Purple pour éterniser des lives au fenua.

    Jahneration ©Clara Janoyer

    « J’ai rencontré le duo Jahneration quand ils sont venus à Tahiti. Humainement, ça a été un contact incroyable. »

    Avec le groupe Jahneration, c’est plus qu’une rencontre humaine. Les membres découvrent son travail et lui proposent de se joindre à leur tournée. Clara s’envole pour l’Hexagone.

    Jahneration ©Clara Janoyer

    « C’est beaucoup plus de responsabilités. Je rentre vraiment dans les coulisses, rencontre toutes les personnes qui rendent ce spectacle possible. C’est passionnant. »

    Aujourd’hui, cela fait un an qu’elle vit entre Tahiti et la France. Elle a signé un contrat avec le label Ovastand.

    « C’est une opportunité incroyable, un honneur de pouvoir capturer tout ça. Le monde du reggae, c’est une niche. J’ai eu la chance pouvoir collaborer avec certains d’entre eux. Je souhaite continuer de me façonner une identité propre. Rencontrer toujours plus d’artistes, découvrir toujours plus de scènes… »

    Queen Omega ©Clara Janoyer
    Naâman ©Clara Janoyer
    Jahneration ©Clara Janoyer
    Rilès ©Clara Janoyer
    Clara Luciani ©Clara Janoyer

    Son succès, Clara le doit à son talent, mais aussi à sa persévérance. À travers son témoignage, elle nous invite à suivre la voie qui nous anime.

    « Ça peut paraître bateau, mais je crois qu’il faut s’accrocher à ce qu’on aime. Si je n’avais pas un entourage qui m’avait encouragée, je ne vivrais pas toutes ces choses incroyables. Et puis, même si ça fait peur, il ne faut pas s’arrêter sur une mauvaise expérience, mais s’autoriser à rêver et suivre les opportunités qui s’offrent à nous. »

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    ©Photos : Cartouche Louise-Michèle pour Femmes de Polynésie, Clara Janoyer, Apo_klypse, awa_roa

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