Femmes de Polynésie a eu la chance de croiser la route de vahine qui ont opté pour la reconversion professionnelle et l’épanouissement personnel. Cette semaine, Vaitiare Cordaro nous livre son parcours. De la recherche en sciences de la vie à la gastronomie végane, cette jeune femme de 30 ans sait ce qu’elle veut, et embrasse ses choix avec douceur et détermination.
Une femme de sciences
Dans le domaine de la science, le parcours de Vaitiare Cordaro était tout tracé.
« J’ai fait une licence en Sciences de la vie et de la Terre à l’UPF, puis je suis partie en France pour faire une année de MEEF et devenir professeur. »
Première embûche :
« Ça ne m’a pas plu ! Alors, j’ai refait une troisième année pour intégrer un master Biologie-Santé à Bordeaux. Revenue en Polynésie française, j’ai postulé à l’Institut Louis-Malardé. C’était en plein Covid, il fallait faire les tests PCR… Ensuite, on m’a proposé un projet de recherche sur les hibiscus : il fallait les transformer en produits cosmétiques et/ou agroalimentaires. »
Deuxième embûche : l’expérience ne se passe pas comme prévu, car Vaitiare ne se plaît pas en laboratoire.
« J’étais déjà à mi-temps pendant ce projet sur les hibiscus et j’avais déjà commencé un petit peu l’activité de traiteur végan pendant mes jours off. En 2022, naît mon entreprise, Vaiggie’Soul. Puis, en juillet dernier, j’ai démissionné de l’Institut Malardé pour me consacrer uniquement à la cuisine. »
Une femme de passion
« Je cuisine depuis toujours grâce à mes deux grands-mères. Ce sont des cuisinières incroyables ! Du côté de maman, ce sont les spécialités tahitiennes, chinoises, et du côté de mon papa, c’est toute la culture italienne. »
La mamie italienne a transmis à Vaitiare l’importance du fait maison et de la qualité de la nourriture.
« Quand j’allais chez elle, en Italie, elle voulait qu’on ne mange que sa cuisine. Et moi, je m’intéressais déjà à ses recettes… »
Ainsi, entre la tendresse de ses grands-mères et la curiosité attisée par d’autres rencontres, Vaitiare apprend à cuisiner.
«Cela fait trois ans que j’ai arrêté de manger de la viande, après ma rencontre avec Hereiti Seaman (et son livre Hereiti et sa cuisine végétale, NDLR). Nous sommes devenues amies et je l’ai rejointe aux Marquises. Pendant 10 jours, j’ai mangé 100 % végan ! Cela a été une expérience vraiment incroyable, ça m’a fait comme un électrochoc. À partir de ce moment-là, j’ai arrêté de manger de la viande. J’ai commencé à tester des recettes à la maison. Ensuite, je me suis lancée… »
Avec Vaiggie’Soul, elle s’engage donc dans la création de plats végans, ce qui permet de réduire la consommation de produits d’origine animale et peut, par exemple, séduire les personnes intolérantes au lactose.
« Le but est aussi de réduire le sel, le sucre et… les portions ! Parce qu’ici, le taux d’obésité est élevé. »
Une consigne : « Goûte d’abord ! »
« Ici, dès qu’on parle de végan, les gens croient que c’est une feuille de salade ou du tofu ou que c’est amer… Avec mon expérience, j’ai remarqué qu’ils sont un peu réticents. Alors, je dis toujours : “Goûte, tu verras !” »
Vaitiare met toute son inventivité au service de plats gourmands et appétissants pour montrer que l’on peut tout à fait manger “bon et local” sans viande :
« Il me faut innover tout le temps : le menu change chaque semaine ! J’adore la nature, les fleurs, les couleurs… Le plat que je préfère faire est le carpaccio de tofu curry au lait de coco ! »
Aujourd’hui, Vaitiare Cordaro réalise que son parcours scientifique en biologie a du sens avec son métier actuel :
« Dans mon master, on a vu des problèmes de santé et comment les guérir… Dans la cuisine, c’est aussi comme faire de la recherche, car c’est toute une histoire de chimie entre les ingrédients et les saveurs ! »
Un parcours inspirant, une reconversion réussie et une histoire de chimie qui nous régale…
©Photos : Marie Lecrosnier-Wittkowsky et Vaitiare Cordaro pour Femmes de Polynésie
