Titaina Piritua perpétue les pai de son enfance

    Aujourd’hui, Femmes de Polynésie vous embarque pour une balade gustative aux côtés de Titaina Piritua. Après une carrière comme hôtesse de l’air chez Air Tahiti Nui, la Polynésienne a créé My Popo’s, une petite société spécialisée dans les pai congelés et faits maison à partir des recettes de sa grand-mère. Un retour aux sources bien savoureux.

    Dès la porte de l’atelier culinaire de My Popo’s franchie, l’ambiance est donnée : de bons fruits locaux transformés en purée et à côté, des petites boules de pâte bien fraîches. Titaina Piritua, concentrée, surveille la préparation de ses petits chaussons fourrés à la goyave, à la banane, au hachis curry…

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    Pour la tahitienne, ses pai sont bien plus que de simples chaussons sucrés ou salés : ils évoquent de tendres souvenirs.

    « Quand j’étais petite, j’allais très souvent chez ma grand-mère maternelle. Elle avait le magasin Taua à Punaauia. Elle faisait elle-même les gâteaux et les pai. J’aimais bien l’observer, j’ai appris à faire des pai comme ça, juste en la regardant. Quand elle a arrêté le magasin, avec ma mère on a continué à préparer des pai, mais seulement pour nous.

    À l’époque, Titaina est alors loin d’imaginer que ces pai qu’elle aimait tant manger dans son enfance prendraient une telle place dans son existence, quelques décennies plus tard.

    Titaina poursuit son bonhomme de chemin. Elle obtient son bac, puis se lance dans la vie active, d’abord comme secrétaire.

    « Je m’ennuyais derrière un bureau à taper sur un ordinateur, ce n’était pas trop mon truc. »

    On est alors au début des années 2000. La compagnie polynésienne Air Tahiti Nui, nouvellement créée, cherche des PNC1.

    « J’étais titulaire d’un certificat de secourisme. J’ai postulé, j’ai passé les tests et j’ai été recrutée. C’était vraiment top, j’ai adoré cette expérience, l’ambiance, les collègues, les copines… J’ai pu voyager partout dans le monde : à Dubaï, au Japon… C’est une superbe ouverture d’esprit. »

    Cette belle aventure dans l’aérien dure 18 ans… le temps d’une majorité. Mais la crise du Covid en 2020, joue les trouble-fête.

    « Du jour au lendemain, tous les vols se sont arrêtés, je suis restée à la maison. Cette période m’a permis de réfléchir. Je me suis rendue compte que je n’avais pas vu ma fille grandir, que j’avais raté pas mal d’événements, d’anniversaires…

    Je me suis dit que j’avais besoin de donner la priorité à  ma famille.»

    Forte de cette remise en question, Titaina profite du plan de départ proposé par ATN et se porte volontaire pour démissionner.

    Mais ce retour sur terre s’accompagne d’une question pragmatique : que faire maintenant ?

    « Je suis partie avec quelques indemnités, mais il fallait bien que je continue de travailler. On a réfléchi avec mon mari et on s’est dit que ce serait bien de faire des pai congelés, car cela évite toute la partie cuisson. J’ai décidé de lancer My Popo’s. J’ai choisi ce nom, car Popo, c’est le diminutif de “grand-mère” en chinois, et j’ai des origines chinoises. L’apostrophe et le “s” en anglais, c’est l’idée d’appartenance. C’est un clin d’œil à ma grand-mère et à ses recettes. »

    Titaina doit alors faire face à une autre réalité : où fabriquer ses pai ?

    « C’est ma belle-fille qui nous a donné l’idée de construire des laboratoires culinaires, car il n’y en avait plus à Tahiti. Comme ça, on pourrait préparer nos pai et en même temps louer les autres labos pour la journée… On a alors acheté un terrain à Paea et fait construire plusieurs laboratoires. C’est un gros investissement. Puis, il nous a fallu passer par la case du service de l’hygiène pour tout mettre aux normes. »

    Un an plus tard, en 2022, les locaux sont enfin prêts.

    « On était heureux et émus lorsqu’on a loué la première fois ».

    Mais surtout, ce sont environ 700 pai qui sont confectionnés chaque semaine par la petite équipe de My Popo’s dans le labo.

    « C’est mon mari qui prépare les pai salés au hachis curry et pâté de porc avec sa recette. »

    Pour les pai sucrés, Titaina utilise toujours la recette traditionnelle de sa “Popo”.

    « Elle serait contente », confie la Polynésienne tout en livrant le secret familial d’un bon pai : « Il faut que la pâte soit bien dorée et surtout croustillante. »

    1 Personnel Navigant Commercial.

    ©Photos : Pauline Stasi pour Femmes de Polynésie

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