May Artea, le goût de l’onirisme

« Je suis une artiste polynésienne, qui aime beaucoup les couleurs et rêver. »

Dès son plus jeune âge, May Artea embrasse sa fibre créative.

« Je pense quaussi loin que je me souvienne, jai toujours dessiné. Je commençais avec le dessin, dailleurs. Jai commencé la peinture très tard, mais le dessin, cétait ce qui était à portée de main. Javais des crayons, javais des stylos… en classe, quand je mennuyais, cétait ce que je faisais. »

Tout d’abord, c’est par l’esquisse qu’elle s’exprime, avant d’apprivoiser l’acrylique.

« Pour moi, la peinture, cétait un peu la continuité du dessin. Javais envie de mettre des couleurs dans ce que je faisais. Tout a commencé lorsque ma maman a donné une conférence sur la mythologie ; elle ma demandé si je pouvais représenter le dieu Ta’aroa. »

Cette première toile la pousse définitivement à adopter ce medium qui la fera connaître.

Ainsi, l’univers de May Artea prend vie. Parsemés d’éléments connus de notre regard, ses tableaux aux allures chimériques se composent de peu de couleurs. Pantone variant de l’indigo au bleu nuit, des gouttes de vert, de jaune ou de rose nous interpellent.

« Je ne sais pas si ce sont des choix conscients. Parce quau début, je ne sais pas du tout quelles couleurs je vais utiliser… Jai juste le dessin. Et après, je teste des choses et je suis ouverte à tout. »

Chacune de ses créations est accompagnée d’un poème qui nous prend par la main, comme pour nous guider à travers la sensibilité de la jeune femme.

« Quand je commence, en général, je nai pas l’idée du tableau en entier. Quand je lillustre, l’histoire que j’ai à raconter est beaucoup plus claire. Et après, cest là que je commence à écrire le texte. »

Selon May Artea, l’art, est avant tout personnel.

« Cest un moyen de sexprimer, de libérer un peu les énergies quil y a en toi. Pas seulement les problèmes, mais les grosses émotions. Ça peut être beaucoup de joie, comme ça peut être un profond chagrin. »

Ces émotions sont souvent associées à des événements de sa vie.

« Il y a beaucoup de toiles qui sont en rapport avec le deuil. Plus précisément, la vie après quon ait subi un deuil. »

Ce sujet lourd de sens, elle le traite avec subtilité et finesse.

« À chaque fois, jessaie de représenter le lien qu’on a avec lau-delà à travers les animaux, les plantes... Jaime bien cette idée que, finalement, les personnes que l’on perd sont toujours un peu avec nous à travers la nature. »

En 2025, May Artea collabore avec Rehia Tepa, l’auteur de la pièce de théâtre Rautīemoemaitearu, Les Stigmates de la lune, dans le but de créer l’affiche de la mise en scène de cette dernière.

« Il avait vu une de mes toilesà mes tout débuts, et il ma dit que cétait l’ambiance idéale recherchée pour l’affiche. »

L’osmose est certaine, le résultat est une alliance parfaite de leurs identités respectives.

« Il fallait quil y ait un mélange entre le contemporain et la tradition. Cétait quand même un travail en collaboration assez proche. »

Cette expérience conforte notre artiste dans son désir de pluridisciplinarité.

« Je suis curieuse de toute forme dart : la sculpture, la photographie, le tricot… Jai envie de tout essayer ! »

En août de la même année, May Artea présente sa première exposition personnelle.

« C’était tellement d’émotions ! »

Fidèle à sa pratique artistique, elle associe chacune de ses réalisations à un écrit.

« Le texte na pas bloqué l’imagination des gens. Quand je leur en parlais, tout le monde avait une version et une interprétation différente. »

Cet événement attire une centaine de personnes, venues admirer le talent exponentiel de la jeune vahine. Passionnée de culture, de rêves et de couleurs, May Artea sait que l’avenir lui tend les bras avec bienveillance.

« C’est le premier pas vers de grandes choses. »

©Photos : Cartouche Louise-Michèle & May Artea pour Femmes de Polynésie

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