Sacrée meilleure danseuse au Heiva i Tahiti deux années de suite, Aie Manuel, tout juste âgée de 21 ans, a devant elle un avenir prometteur. Femmes de Polynésie s’est entretenu avec cette jeune vahine passionnée et talentueuse.
UNE TRANSMISSION ANCESTRALE
D’aussi loin qu’elle se souvienne, Aie Manuel danse.
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« Je danse depuis toujours, depuis que je suis née, depuis que j’ai commencé à marcher. Ma grande sœur était déjà danseuse, alors je dansais un peu avec elle. »
Originaire des Australes, c’est sa grand-mère qui lui infuse ce savoir-faire.
« Ma mémé, elle dansait comme ça à la maison, juste parce qu’elle aimait ça. Et pendant les fêtes à Rurutu justement, c’est de là que je m’y suis mise. »
UNE PASSION GRANDISSANTE
La jeune femme pratique le volley-ball et d’autres activités pour se maintenir en forme. En 2023, elle intègre une troupe de danse pour la première fois.
« Il y a deux ans, je me suis dit que j’allais reprendre le ’ori tahiti, pour justement faire du sport, pas pour faire des compétitions, mais juste pour le plaisir. »
LA CONSÉCRATION
En 2024, Aie remporte le titre de meilleure danseuse du Heiva auprès de la troupe Heikura Nui.
« Ça m’a ouvert des portes. Je suis partie aux États-Unis pour faire un jury pour une compétition et un workshop. Ensuite, je suis allée au Japon faire une tournée de workshops. Après, j’ai fait une pause pour me concentrer sur le Heiva de cette année parce que j’étais répétitrice et je devais aussi m’entraîner pour le concours de meilleure danseuse. »
L’année suivante, elle remet son titre en jeu et se présente à nouveau, cette fois aux côtés du groupe ’Ātoroira’i. La danseuse conquiert à nouveau le public ainsi que le jury, et remporte encore une fois le trophée.
« Ma vie a beaucoup changé. Aujourd’hui, on peut dire que la danse est le centre de ma vie. »
HORS DES SENTIERS BATTUS
Malgré un sourire éclatant qui pourrait nous assurer d’une grande confiance en elle, Aie Manuel est probablement la personne la plus surprise de sa propre victoire.
« Quand je voyais les autres danseuses, elles avaient beaucoup de technique. Et moi, je n’aime pas ça la technique. Donc je pensais que je n’arriverais jamais à faire mieux. Le fait d’avoir gagné deux fois m’a prouvé que ma danse méritait d’être valorisée, regardée, et justement, dansée par plusieurs personnes. Parce qu’aujourd’hui, on ne voit que la technique, ça prend le dessus dans l’entraînement. On oublie parfois de retourner à la base, et de juste s’amuser en dansant. »
Grâce à sa cheffe de troupe, Tauhere Sandford, ses prestations frôlent l’idéal.
« C’est Tauhere qui a créé toute ma chorégraphie de meilleure danseuse. Moi, je me suis juste imprégnée de ma musique. J’ai improvisé dessus et ma prof est venue poser ses pas, chercher la perfection. »
LE SOUTIEN DES PROCHES
Dans ces aventures, Aie n’est jamais seule.
« Ce que je préfère quand je suis dans une troupe, c’est la cohésion avec les danseurs. Les deux fois où j’ai participé, tous les danseurs qui étaient avec moi m’ont soutenue. Chaque fois que je m’entraînais, ils étaient là, derrière moi. »
Non seulement elle reste soudée avec les autres danseurs du groupe, mais sa famille, ainsi que son compagnon l’encouragent plus que jamais.
« C’est aussi mon copain qui m’a beaucoup poussée dans les concours de meilleure danseuse. Les deux fois, il m’a dit : “vas-y, vas-y, va danser !” C’est mon plus grand soutien. »
DES PROJETS D’AVENIR
Aie Manuel n’est pas juste une danseuse exceptionnelle. Parmi ses passions : l’informatique.
« J’aime beaucoup coder1 et résoudre des problèmes. Je ne suis pas très portée sur les jeux, mais j’aime bien les coder. C’est intéressant. »
Mais pour le moment, c’est le ’ori tahiti qui rythme son quotidien.
« Je prévois de faire des workshops tout le long de l’année et de voir où ça va me mener. »
Elle, qui a dédié ses victoires aux anciennes, qui danse dans le respect de la culture et des traditions, pratique avant tout par amour.
« Danser le ’ori tahiti, essayer de revenir un peu à la culture, à la danse, à la langue aussi. Et surtout, s’amuser et profiter de la vie. »
1 Le codage (aussi appelé programmation informatique) consiste en l’écriture de lignes de codes ayant pour objectif de donner des ordres à une machine ou à un ordinateur afin de répondre à une demande ou à une action.
©Photos : Vaiarii Mailion & Cartouche Louise-Michèle pour Femmes de Polynésie
