TNTV : L’année 2025 a débuté avec la TVA sur les produits sucrés qui est passée de 5% à 16%. Avez-vous mesuré son impact aujourd’hui sur les prix à la consommation ?
Warren Dexter : « Alors, les prix à la consommation, non, mais je n’ai pas encore les chiffres définitifs. En revanche, sur les quantités, quand on compare les 11 premiers mois de 2024 avec les 11 premiers mois de 2025, on a une baisse des quantités, que ce soient les produits sucrés importés ou fabriqués localement. Donc ça peut augurer qu’il y ait une baisse de la consommation sur ces produits. Tant mieux, c’était l’objectif recherché ».
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TNTV : Les industriels locaux dénoncent une charge fiscale supportée à 66% par la production locale. Est-ce un choix assumé de votre part ?
Warren Dexter : « Je demande à voir. C’est vrai que le syndicat des industriels a avancé cet argument, mais pour l’instant, moi je ne le partage pas. J’aimerais qu’on puisse se voir pour qu’ils puissent expliquer un peu leur analyse. Pour l’instant, je ne comprends pas ».
TNTV : Sur le volet de la vie chère, malgré les débats, les colloques et les recommandations, elle reste une préoccupation centrale. Qu’est-ce qui a réellement changé durant l’année 2025 ?
Warren Dexter : « La vie chère, vous savez, ça reste une préoccupation de chaque jour. C’est un peu mon talon d’Achille, parce que, comme vous avez pu le voir dans le reportage, l’économie, se porte super bien dans notre pays. On fait même figure de modèle dans les Outre-mer. Mais effectivement, la cherté de la vie demeure un problème préoccupant. Et moi, ce que je voulais pouvoir dire, ce n’est pas qu’on est impuissants, mais le challenge est super difficile, quoi. La première raison, c’est qu’on apporte tout. Comme vous savez que déjà, à l’extérieur, c’est cher. Comment voulez-vous que ce ne soit pas cher ici ? Donc la première solution, c’est qu’on arrive à développer notre économie endogène. Je tiens à dire que c’est vraiment un sujet de tous les jours sur lequel on essaie de trouver des solutions. C’est vrai qu’on a pu tenir des colloques. En ce moment, il y a des discussions à Paris sur la vie chère dans les Outre-mer. Ce n’est pas un sujet facile ».
TNTV : Les écarts de prix de l’ordre de 30 à 40 % avec l’Hexagone restent élevés. Parviendra-t-on un jour à réduire l’écart ?
Warren Dexter : « Ça va être compliqué parce que, déjà, indépendamment de tout ce qui est prix du transport, les taxes applicables localement… Je vous donne un exemple. Quand vous achetez des marchandises pour 280 000 personnes, vous n’aurez jamais des prix aussi intéressants que pour les marchandises que vous achetez pour des millions de personnes. Donc c’est la petitesse du marché qui fait que ça sera un challenge quasi impossible à relever. Et je veux souligner que c’est un problème qui est propre à tous les Outre-mer, pas que chez nous. C’est vraiment l’insularité, la petitesse du marché, qui fait que c’est difficile d’avoir les meilleurs prix quand on importe ».
TNTV : Le fonds de la lutte contre la vie chère a été adopté à l’Assemblée. Comment sera-t-il utilisé ?
Warren Dexter : « Quand on crée ce genre de fonds, c’est qu’on veut simplement s’imposer une obligation pour le gouvernement de financer les actions qui figurent dans le fonds, en l’occurrence. Donc, vous avez la prise en charge du frais d’intérêt sur l’air de certaines marchandises. Vous avez la farine subventionnée. Et puis des dispositifs nouveaux que nous avons mis en place, notamment dans le cas de la réforme des PPN (produits de première nécessité, NDLR). Donc l’ensemble va requérir un financement de 4,2 milliards. Comme je l’ai dit, on a créé un fonds spécial pour ça. Ça veut dire que le Pays, chaque année, va devoir trouver les financements ».
TNTV : Ce fonds a-t-il pour vocation de faire baisser les prix ?
Warren Dexter : « C’est toujours l’objectif recherché. Par exemple, la réforme des PPN, comme j’ai eu l’occasion de le dire dans les débats à l’Assemblée, ça ne va pas faire baisser l’indice du coût de la vie parce que, comme vous le savez, les PPN, c’est une toute petite partie de la consommation. Mais néanmoins, sur ces produits-là, on s’attend à une baisse de 6% pour l’ensemble de la population. Et avec le second point de la réforme, avec la remise qu’on veut mettre en place pour les ménages nécessiteux, c’est une baisse de 10% supplémentaire. Donc, ce sera surtout à l’avantage des personnes qui en ont le plus besoin ».
TNTV : Avez-vous une estimation des baisses des prix attendues ?
Warren Dexter : « C’est ce que je disais sur les PPN. Sur la partie PPN, on aura une baisse estimée à autour de 6% pour l’ensemble de la population, plus une remise supplémentaire de l’ordre de 10% pour les ménages nécessiteux sous présentation d’une carte de remise ».
TNTV : Concernant les grands chantiers de 2026. Vous voulez élargir les impôts sur les sociétés aux SCI et aux SNC, et baisser la fiscalité indirecte. Est-ce une mesure pour lutter également contre la vie chère ?
Warren Dexter : « Alors non, c’est plutôt une mesure de justice sociale, mais aussi de développement économique. En fait, c’est une mesure qu’on aurait dû présenter fin 2025, mais comme je n’arrivais pas à trouver l’adhésion des chefs d’entreprise, j’ai dû différer en mi-2026 (…) L’objectif, c’est quoi ? C’est d’abord de taxer. Vous savez qu’on a une réforme de l’impôt sur les transactions. L’impôt sur les transactions, aujourd’hui, on vous taxe le chiffre d’affaires sans tenir compte de vos dépenses. Moi, ce que je veux pouvoir faire, c’est taxer le bénéfice, c’est-à-dire les recettes moins les dépenses. Donc sur le principe, les chefs d’entreprise ne sont pas opposés à ça. Par contre, ils appréhendent un peu les taux. Moi, j’ai parlé d’un taux à 15%. Ça ne me paraît pas exagéré, surtout quand vous savez que les sociétés sont taxées à 25%. Mais pour l’instant, c’est un sujet qui bloque. C’est pour ça que je veux continuer les discussions avec eux ».
TNTV : Quels seront vos autres chantiers prioritaires en 2026 ?
Warren Dexter : « Je dirais que le grand chantier, c’est vraiment celui-là, et puis ça doit s’accompagner en contrepartie d’un abaissement substantiel de la fiscalité indirecte, parce que c’est vraiment ça qui impacte le plus la cherté de la vie. On est en train de travailler soit sur un scénario de baisse de droits de douane, soit de la TVA en régime intérieur et importation également.
TNTV : Vous êtes également élu à Mahina. Serez-vous de nouveau engagé dans la campagne des Municipales ?
Warren Dexter : « Vous savez, depuis que j’ai pris ce poste ministériel, je ne dors pas beaucoup. Moi, je n’arrive pas à comprendre comment on peut faire les deux. Donc, j’ai dit à mon tavana Damas Teuira que je ne rempilais pas, parce que j’ai besoin de me concentrer sur ma fonction ministérielle ».
