Sur la dorsale de Afaahiti, en bordure de la route, des champs agricoles. Le 7 décembre, un habitant constate une odeur inhabituelle, puis d’importantes quantités de fientes et de plumes épandues au sol.
« En passant à vélo, l’odeur nauséabonde m’a sauté au nez. J’ai l’habitude des épandages de ‘caca poules’, mais là, c’était beaucoup plus fort. Et là, j’ai vu un tas de bouilli avec beaucoup de ‘cacas poules’ et de plumes », explique Bernard Begliomini, l’homme qui a alerté les autorités.
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Une situation inquiétante, car le territoire traverse actuellement une épidémie de salmonellose, liée à la filière des œufs. Plus de 30 000 poules ont déjà été abattues, et d’autres opérations sont encore en cours à cette période.
Alerté, le service de biosécurité de Polynésie s’est rendu sur zone pour évaluer la situation, et rencontrer les agriculteurs, les éleveurs et les riverains.
« On a pu montrer que c’était une crainte qui n’était pas fondée. Ce n’étaient pas des cadavres de poules mis dans la nature, mais de la fiente avec quelques plumes utilisées pour fertiliser un champ », explique Laurent Pasco, vétérinaire pour la biosécurité.
Si aucune infraction n’a donc été constatée, la biosécurité rappelle que le contexte demeure sensible. La forte concentration des élevages sur une zone réduite favorise la circulation des maladies.
« On a près de 80 % de la production d’œufs sur quelques kilomètres carrés. Il y a les oiseaux, les épandages de fiente et les véhicules qui tournent tout autour. C’est difficile d’avoir une unité complétement saine dans un environnement comme celui-là. On voit l’aspect délicat de concentrer des productions dans un même endroit », souligne Laurent Pasco.
Des efforts importants ont déjà été engagés par la filière : sas sanitaires, désinfection, gestion des flux, traitement des déjections. Mais pour la biosécurité, cela ne suffira pas sans un cadre plus strict et collectif.
« Tout le monde va un peu dans le même sens, c’est-à-dire le progrès, mais ce n’est pas facile. De notre côté, il faut que l’on renforce la réglementation sur les sous-produits, ce qui est en cours d’ailleurs, et sécuriser davantage la filière volaille qui est un peu mise en danger », estime Laurent Pasco.
À Afaahiti, cette alerte citoyenne aura permis de lever les doutes, mais aussi de mettre en lumière la fragilité sanitaire de la filière.



