Ce lundi, un jeune homme de 25 ans comparaissait devant le tribunal correctionnel pour un invraisemblable coup de sang, samedi aux aurores, après une soirée arrosée dans le centre de Papeete.
Il est environ 5 heures du matin, rue du père Collette, lorsque les policiers municipaux interviennent aux abords du club Sugar et, interrogeant divers témoins, constatent qu’un homme vient d’être volontairement percuté par le Toyota Hilux du mis en cause, immédiatement contrôlé. Il est alcoolisé à hauteur de 0,59 mg par litre d’air expiré, et interpelé. L’impact est violent : la carrosserie du véhicule s’est enfoncée sous le choc, si bien que le parquet a brièvement envisagé de le poursuivre pour tentative de meurtre.
Inconnu de la justice, jeune papa vivant d’un salaire de commercial confortable, l’agresseur ne tente pas de minimiser les faits. Il peine à comprendre comment il en est arrivé là. « Je ne me reconnais pas dans ce que j’ai fait » , lâche-t-il. La thèse de la jalousie ne fait pas vraiment de doute. En effet, ses amis et sa concubine racontent qu’il est devenu « agressif » à partir du moment où un homme est venu discuter avec cette-dernière. Ce que le prévenu a interprété comme une tentative de séduction. Et quand les deux hommes finissent par se saluer, il reproche à son « rival« de lui avoir « mal serré la main » , en la tirant par-dessus un grillage.
En l’apercevant à la sortie, il met le contact et fonce sur lui, avant de sortir de la voiture en le menaçant. « Je voulais le bloquer, pas l’écraser », assure-t-il à la barre, reconnaissant toutefois qu’il aurait pu lui briser les jambes. S’il assure ne pas être de nature violente, il reconnaît être sujet à des accès de colère quand il boit. « Quand je m’énerve, je rejette ma colère sur des objets, pas sur les personnes », réplique-t-il, évoquant le « peps » que lui donne l’alcool.
Pour le procureur de la République, le dossier est « surprenant » par « l’écart entre les faits et la personnalité du mis en cause ». Il requiert une peine mixte de 12 mois de prison, dont six mois assortis d’un sursis probatoire, avec une obligation de soins afin de travailler sur la confiance au sein de son couple, et insiste surtout sur une suspension du permis de conduire de 12 mois.
Conseil du prévenu, Me Sophie Girault ne cherche pas non plus à minimiser les faits. « Il est allé beaucoup trop loin », concède-t-elle, plaidant l’emportement plutôt que la violence enracinée. « Il est sorti de ses gonds, mais ce n’est pas un homme violent. C’est allé très vite, il a perdu le contrôle (…) sous le coup de l’émotion. » Elle alerte enfin sur le risque de « désinsérer » socialement son client en l’envoyant en détention, sans l’assurance pour lui de retrouver une situation stable à sa sortie.
Le tribunal a condamné l’homme à 12 mois de prison, dont 6 mois avec un sursis probatoire pendant 2 ans. Il devra également indemniser la victime, l’affaire ayant été renvoyée sur intérêt civil à une audience ultérieure.



