C’est sur le mur d’une boutique de réparation de planches et de matériel nautique de Papeete que la magie opère. Bombes en main, un groupe de jeunes curieux s’approprie les gestes, les distances et les codes du street-art.
Parmi eux, Torrens, 14 ans, vit sa première véritable mise en pratique, loin de ses carnets de croquis habituels. « Je dessine sur le papier pour m’entraîner un peu. Si j’attaque directement le mur, ça va être compliqué, sourit-il. C’est ma mère qui m’a poussé à venir, et j’ai accepté. Je trouve que le tag, c’est très joli. C’est ce que j’aime », confie -t-il.
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Chaque mouvement est scruté par Arnaud Sheron. De retour au fenua après plusieurs années en métropole, ce pionnier du graffiti local s’est donné pour mission de faire évoluer la discipline et de partager ses techniques. « On leur apprend les bases : le maniement de la bombe, connaître le produit en lui-même, travailler avec tous les caps – bouchons – que l’on met dessus » , explique-t-il. Savoir les techniques de traits, de remplissages, de dégradés et un peu de lettrage. Je pense que pour être un bon graffeur, il faut être acharné. Il faut dessiner et en faire un maximum. Il n’y a pas de secret, il faut produire et produire », ajoute-t-il.
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Ce parcours du combattant, Heiarii Metua, alias Rival, le connaît bien. Ancien élève d’Arnaud, il est aujourd’hui un artiste peintre et graffeur reconnu. « Arnaud a marqué mon histoire artistique. J’ai commencé avec lui, ensuite j’ai continué mon chemin et puis j’ai croisé Sarah Roopinia. On peut vivre en tant qu’artiste peintre graffeur en Polynésie, assure-t-il. Il faut juste avoir du courage pour aller frapper aux portes. Le relationnel aussi, parce que si tu essaies le premier et que ça ne marche pas bien, on ne te recommande pas », observe-t-il avec recul.

Après le succès de cette séance, de nouveaux ateliers d’initiation pourraient voir le jour prochainement, promettant de colorer un peu plus les murs de la capitale.



