Oscar Temaru : « Si on exploite toutes les ressources de ce pays, on peut supprimer tous les impôts »

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Le président du Tavini Huiraatira et maire de Faa’a était l’invité des journaux de TNTV, ce mercredi soir. Oscar Temaru a annoncé qu’il sera candidat à sa propre succession à la tête de la commune car « c'est ce que souhaite la population. Il a également réaffirmé sa volonté d’exploiter les fonds marins polynésiens. « Si on exploite toutes les ressources de ce pays, on peut supprimer tous les impôts, toutes les taxes », dit-il. Interview.

TNTV : On vient de voir dans le reportage précédent que les experts du CESE estiment que réglementer les prix dans les Outre-mer et un dispositif qui ne fonctionne pas.  Pourquoi votre majorité s’obstine-t-elle à vouloir contrôler les marges plutôt que de libérer les entreprises pour créer de la croissance ? 

Oscar Temaru : « Vous savez, il y a plusieurs opinions. Moi, je n’ai pas changé les miennes depuis la création du parti. Nous sommes actuellement dans ce qu’on peut appeler l’économie de comptoir et nous avons tout ce qu’il faut pour aller vers l’économie de marché. Ça veut dire quoi ? Actuellement, il y a aux environs de 270 000 visiteurs qui arrivent en Polynésie et ça fait un chiffre d’affaires de 100 milliards de francs. Et qu’est-ce qui nous empêche, depuis des années, on tourne autour de 300 000 touristes ? On demande à plus de 120 pays un visa pour venir chez nous. Et c’est ce qui freine le développement de cette partie de notre économie. Je suis déjà allé à Paris rencontrer Nicolas Sarkozy et j’ai rencontré son directeur de cabinet pour nous donner la possibilité de pouvoir délivrer des visas à l’arrivée. On me répond : ‘vous savez, M. Temaru, ici à Paris, il y a déjà plus de 300 000 Chinois qui travaillent au noir. Et si on les autorise à venir à Tahiti, ils vont venir à Paris. Alors je lui dis : ‘mais M. Guéant, ils ne peuvent pas venir comme ça directement de Tahiti à Paris, il faut qu’ils passent par Los Angeles’. Et là, je me suis dit qu’il ne connait pas à sa géographie, il ne sait pas où se trouve Tahiti. Tahiti, c’est la perle du monde entier. Tout le monde veut visiter la Polynésie. Mais c’est très difficile pour venir chez nous. J’ai rencontré les représentants des pays du monde entier. Chaque fois ils me disent : ‘pourquoi il faut un visa pour venir chez vous’ ».

 

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Oscar Temaru : « Si on va vers l’économie de marché, si on exploite toutes les ressources de ce pays, on peut supprimer tous les impôts, toutes les taxes. Si on avait le temps de développer ça dans le détail, je suis prêt. Regardez ce que disent les experts internationaux sur les ressources marines. Ça peut rapporter 2000 milliards de francs au kilomètre carré. Vous savez ce que c’est ? Prenez un calculateur ».

TNTV : On y reviendra tout à l’heure sur le sujet des ressources marines. Mardi, le tribunal a annulé la commission ZEE créée par l’Assemblée pour détournement de procédures. Vous vous y attendiez ou pas ? 

Oscar Temaru : « Je m’y attendais personnellement. Mais il n’y a pas que le tribunal de Papeete, il y a aussi le tribunal international. On ira plus loin ». 

TNTV : Cette commission représentait un budget de 25 millions d’argent public, c’était justifié selon vous ? 

Oscar Temaru : « Il s’agit de l’avenir de notre pays. Il y a un choix à faire.  Vous savez, on est là pour combattre la pauvreté dans notre pays. Ça doit être le combat de tous les hommes politiques, éradiquer la pauvreté dans notre pays. Qu’est-ce que proposent nos adversaires politiques ? Qu’est-ce que propose l’État français ? Rien, absolument rien. Nous, nous proposons quelque chose. Nous disons, nous avons des ressources qu’il faut exploiter, on sait qu’elles sont là. On est en train de le faire à Rarotoa. C’est juste à côté de Raivavae, des Tuhaa Pae ».

TNTV : Justement, sur ce dossier, êtes-vous sur la même ligne que Moetai Brotherson ?

Oscar Temaru : « Je pense que le temps, pour arranger, laisser le temps au temps ».

TNTV : L’exploration des grands fonds peut-elle se faire autrement que par une commission d’enquête ? 

Oscar Temaru : « Vous savez, il y a la situation surtout institutionnelle de notre pays qui nous empêche d’aller plus loin. Toutes ces compétences-là sont des compétences de l’État. Ce sont des questions d’ordre, je dirais, institutionnelle. Si on va au fond des choses, c’est notre droit de souveraineté qui nous permettra d’aller là où on veut et pas autrement ». 

TNTV : Votre résolution sur les ressources naturelles a été adoptée le 5 décembre à l’Assemblée. Mais vous avez refusé la transparence demandée par l’opposition. De quoi avez-vous peur ?

Oscar Temaru : « Je pense que ce n’est pas en une réunion qu’on pourra débattre de tout ça. Ce sont des questions très importantes. On peut citer des exemples. Comme je viens de vous le dire, là juste à côté de chez nous, ils sont en train de le faire. Pourquoi eux peuvent le faire ? Parce que ce sont des pays libres. C’est ce qui nous manque. C’est ce qui nous manque, cette liberté de pouvoir vivre, manger et dormir comme on veut chez nous ». 

TNTV : Mais alors pourquoi ne pas jouer la carte de la clarté totale sur l’avenir de nos richesses marines ? 

Oscar Temaru : « Tout est transparent chez nous. Il n’y a rien de caché ».

TNTV : L’idée de cette résolution, c’est de présenter la facture à l’État pour montrer ce que la Polynésie lui rapporte réellement. 

Oscar Temaru : « C’est le contexte qui le veut. C’est la France qui doit assumer ses responsabilités ».

TNTV : Au sujet des élections municipales, Mara Aitamai sera tête de liste pour A Here Ia Faa’a. Il a déclaré que la commune de Faa’a était sale et mal gérée en raison de vos combats internationaux. Serez-vous candidat à votre succession pour lui démontrer qu’il a tort ?

Oscar Temaru : « Est-ce que c’est ça le vrai problème de notre société ? Les déchets, on les ramasse là maintenant. La demi-heure d’après, il y en a d’autres qui déposent encore. Il y a des gens de mauvaise volonté. Il y a des ennemis politiques. Mais c’est comme ça. Ce n’est pas ça le premier problème de cette société. Les problèmes de notre société, ce sont nos enfants plus tard. Aujourd’hui, ils sont 700 à partir de tous les ans à Paris. Qu’est-ce qu’on leur propose ? Qu’est-ce que l’État français leur propose ? Rien. C’est ça le premier problème de notre pays. Plus de 50% de notre population, je dirais presque 70%, vit sous le seuil de la pauvreté. C’est ça le vrai problème de ce pays. Ce ne sont pas quelques trous qu’il y a par-ci, par-là. On veut détourner l’attention de notre population sur des niaiseries ».

TNTV : Mais comptez-vous vous présenter pour les Municipales ? 

Oscar Temaru : « C’est ce que souhaite ma population de Faa’a.  Ils y tiennent à leur tavana. Ils aiment leur tavana ».

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