Le procès s’est ouvert ce lundi au palais de justice de Papeete, où est jugé l’homme accusé d’avoir mortellement poignardé un voisin de son ami, le 25 janvier 2023, à Faa’a. Les faits, d’une violence extrême, se sont déroulés dans le quartier Socredo, où l’agresseur présumé a frappé sa victime de 13 coups de couteau, sans prononcer un mot. Un procès de trois jours doit permettre aux jurés de déterminer si l’accusé a agi avec l’intention de tuer ou dans un état de confusion mentale .
Selon le dossier, les deux hommes avaient déjà eu plusieurs altercations, principalement liées aux chiens de la victime, jugés agressifs envers les passants. Mais la soudaineté et la brutalité du passage à l’acte interrogent la cour d’assises, d’autant que la sœur de l’accusé évoque une « famille normale, qui va à la messe tous les dimanches ».
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La défense insiste sur l’état mental du prévenu, sujet central de l’audience. « Il y a une question relative à son discernement au moment des faits. Il y a une première expertise qui a été rendue, qui conclut à l’abolition de son discernement (…) et il y a deux autres expertises qui ont été demandées par le magistrat instructeur, qui là concluent à l’altération du discernement, souligne Maître Isabelle Nougaro. [Il faut] déterminer dans quelle mesure ces troubles ont pu soit totalement le rendre irresponsable pénalement, soit le rendre partiellement responsable de ses faits ».
Bipolaire, l’accusé ne prenait plus son traitement régulièrement. Il consommait du paka, et vivait avec un traumatisme psychologique lié à un accident de la route. Décrit comme fragile, il est également connu des services de police pour des violences et a été interné à plusieurs reprises. Les expertises évoquent aussi une fascination pour le chiffre 7, la fin du monde et certaines croyances ésotériques.
Le matin du drame, il emporte deux grands couteaux de cuisine. Après avoir asséné les coups mortels, il lance, en apprenant la mort du voisin : « Tant mieux, je ne le verrai plus ».
La partie civile, elle, insiste sur la dangerosité de l’agresseur. « C’est quand même particulièrement douloureux d’imaginer qu’on a pu ôter la vie à un fils et à un frère dans de telles circonstances, commente Maître Béatrice Eyrignoux. En tout état de cause, c’est quelqu’un qui est dangereux, qu’il ne faut pas croiser.. Sinon, on peut mourir comme ce pauvre monsieur. Il n’avait rien demandé ce jour-là ».
Les psychiatres et psychologues en charge de l’examen de l’auteur présumé rendront leur expertise ce mardi.
À l’issue du procès, si les jurés estiment que son discernement n’était qu’altéré – et non aboli – l’accusé encourt la réclusion criminelle à perpétuité.



