Portée par la mer, Callie Moasen suit son courant

Ancienne Miss Bora Bora, athlète de haut niveau, pompière volontaire, policière municipale, créatrice de bijoux, mère de deux garçons, sans oublier un attachement viscéral à la mer et à la pêche, Callie Moasen mène une vie pleine de défis et de passions. Femmes de Polynésie vous embarque à la rencontre de cette trentenaire dont la vie, comme l’océan, est parfois agitée, parfois calme.

«  Dès que je suis au bord de la mer, je me sens bien. La mer est vitale pour moi. »

 

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«  J’ai des origines métissées, du Vietnam, de Java, du Yémen et des Raromatai… Une partie de ma famille vient aussi de Nouvelle-Calédonie, un de mes ancêtres était un bagnard. Une fois  sa peine purgée, il est resté en et s’est marié à une Kanake. J’ai passé mes premières années là-bas ; ma famille avait un hôtel à Ouvéa. Suite aux événements, l’hôtel a brûlé et mes parents ont décidé de s’installer à Bora Bora vers 1991. Ma famille y avait des terres et ma grand-mère, une pension. Elle  est l’une des pionnières du tourisme à Bora Bora. »

C’est là, sur la Perle du Pacifique, que la fillette découvre les merveilles de la mer.

«  Mon grand-père était pêcheur, mon père aussi. Il m’a initiée à la pêche dès mon plus jeune âge. En dehors des sorties de pêche, je l’accompagnais également pour faire des tours avec les touristes sur le lagon. »

Et Callie Moasen l’avoue, elle préférait de loin voguer sur le lagon en va’a ou pêcher plutôt que d’aller à l’école.

«  J’adorais accompagner mon père dans ses activités aquatique. J’ai commencé la rame très jeune et j’ai même participé à mes premiers championnats de Polynésie de va’a à 12 ans. »

D’autres récompenses suivent, en individuel ou par équipe. Cette passion pour le va’a et le sport ne la quitte pas. Jusqu’à aujourd’hui encore, où Callie s’est vu décerner il y a peu, le statut d’athlète de haut niveau.

Départ à Raiatea

À l’adolescence, elle part à Raiatea pour y poursuivre sa scolarité dès la 3 ème.

«  On a de la famille à Taha’a et à Raiatea. Je suis descendante Tamatoa, Ruahe, Taerea et Tehahe. J’ai aimé découvrir ces îles, nos histoires et nos racines. » 

Mais l’appel de la mer est toujours présent pour la jeune fille d’alors, qui se rêve pêcheuse de métier.

La découverte de la bijouterie

«  Mon père ne voulait pas que je devienne pêcheuse, car pour lui, c’était trop dur pour une femme. Alors, comme j’étais plutôt douée en dessin, je suis partie à Tahiti pour y suivre un CAP en art de la bijouterie et du joyau. »

Crédit Tamaui Tauotaha

Elle se lance ensuite dans le monde du travail et multiplie les expériences, en bijouterie ou encore dans la sécurité.

Élections de Miss

En 2009, elle rentre à Bora Bora, le lagon lui manque. Après avoir été Miss Raromata’i en 2004 et Miss Va’a Polynésie en 2005, elle est élue Miss Bora Bora en 2012. Mais derrière les strass des concours de beauté, Callie Moasen a besoin d’autre chose.

«  J’ai une apparence très féminine, mais au fond de moi, je suis très garçon manqué, ou plutôt ‘réussi’ même comme certains de mes amis le disent ! (rire) »

Des métiers de terrain

Après plusieurs jobs dans une ferme perlière ou comme agent de protection de VIP au Four Seasons Resort, Callie devient policière municipale. En parallèle, elle est pompière volontaire et se dévoue pour les autres.

«  J’avais besoin de mettre mes compétences au service de mon île. J’étais mère célibataire, on pouvait nous appeler à n’importe quelle heure. Les missions étaient difficiles, car dans une petite île, on est amenés à faire beaucoup de choses. J’ai dû gérer des drames, j’ai vu des personnes mourir, dont des enfants. Ça a été très dur. »

Besoin d’apaisement

Ces expériences ont profondément marqué Callie.

«  J’ai eu besoin d’apaisement. Il fallait que je me préserve. Je suis alors partie vivre à Raiatea en 2017 ; à ce moment, j’étais enceinte de mon cadet. Mon ex-conjoint était pêcheur, nous allions pêcher ensemble. »

Après cette période de pose, Callie postule pour un poste d’agent municipal à Mahina.

«  J’ai fait 5 ans en opérationnel puis je suis passé en administratif depuis un an pour raison médicale. »

Formatrice en chasse sous-marine

Et une fois de plus, c’est vers la mer que Callie se ressource.

«  Je me suis remise à faire de la pêche sous-marine avec mon amie Jade Rotillon. Puis j’ai rejoint l’association des To’a Hine spearfishing, et j’ai passé des diplômes pour devenir  formatrice en chasse sous-marine. »

Un retour aux sources

À 37 ans, après toutes ces expériences, Callie aspire à retrouver son île.

« Je veux continuer à faire le bien pour la population de Bora Bora, mais d’une façon plus calme, en transmettant les bons gestes de sécurité pour la chasse sous-marine, par exemple. »

Crédit Teiva Ribet pour Teiva Prod

À Bora Bora, c’est une certitude, Callie Moasen continuera de pêcher, de puiser dans l’océan l’énergie qui fait avancer sa vie, mais également d’œuvrer pour sa préservation.

©Photos : Pauline Stasi et Callie Moasen pour Femmes de Polynésie (sauf mention)

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