Femmes de Polynésie n’a pas fini de vous présenter Haamouraa Hedwich Lesca, vahine aux mille talents. Toujours installés au cœur de son atelier où trônent œuvres d’art et artisanat, submergés de livres et de carnets de croquis, nous poursuivons notre entrevue…
UNE MULTITUDE DE VIOLONS
Comme nous l’avions souligné précédemment, Haamouraa Lesca a faim de culture.
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« Je suis une artisane, parce que j’aime créer des choses qui soient utiles, que ce soit beau, avec des matières locales. L’important dans mon travail, c’est vraiment de revaloriser ces matières, de montrer notre richesse et la diversité de notre patrimoine. »

Ses savoir-faire se multiplient d’année en année dans le domaine de l’artisanat, mais pas que…
« Je suis une artiste aussi, j’aime toucher à tout : je sculpte, je grave, je tresse, je peins… Je pense que tout est complémentaire. »
CULTIVER LES SAVOIR-FAIRE
En effet, la jeune femme ne tarit pas de curiosité.
« J’aime apprendre tout le savoir-faire que je peux trouver, en parlant avec les anciens et ceux qui sont maîtres dans leur métier. »

Lorsque notre regard effleure les alentours, il se heurte à des vases, des pierres, des bijoux, des étoffes, du cuir de poisson, des toiles… Haamouraa semble vivre pour créer, et apprendre à créer.
« Pour la fibre de coco, j’ai appris à tresser avec Florine de Firinape Créations qui fait des choses magnifiques. Phil Christo m’a appris à tourner et sculpter alors que je ne savais vraiment rien faire de ça. »
CHÉRIR LA MATIÈRE
Malgré un parcours en gravure au Centre des Métiers d’Art, notre artisane sait qu’elle a encore beaucoup à découvrir.
« C’était hyper intéressant d’apprendre à sculpter au couteau et à la gouge, parce que tu es beaucoup plus proche de la matière. Avec le micromoteur, tu as la machine, frontière entre toi et la matière. »

Cette technique qu’elle acquiert lui semble plus proche de son désir de connaître et perpétuer des méthodes plus anciennes.
« Avec la sculpture, tu dois écouter le bois, et faire en sorte d’épouser ses courbes et sa fibre pour, justement, ne pas casser et perdre ton travail. »
Fascinée par la matière première, Haamouraa y accorde autant d’importance qu’à l’objet fini.
« Il y a plus de 80 essences de bois locaux dans tous les archipels. Des pierres, n’en parlons même pas ! Il y a la pierre fleurie, avec des variants innombrables. Il y a le corail fossile de Rurutu, qui ressemble à du marbre. C’est magnifique… Ici, à Tahiti, on a trouvé la pierre de Puehu, c’est une roche volcanique avec des cristaux bleus à l’intérieur. »

Des échantillons disposés près de son poste de travail témoignent de la beauté de ces éclats de nature.
UN SEUL PEUPLE
Son inspiration, Haamouraa Lesca la trouve principalement dans les livres, qu’elle collectionne frénétiquement.
« Pour mes motifs, je m’aide principalement du Patutiki. Je pense que c’est comme ça que tu peux être au plus proche de la culture : toujours en s’appropriant, en s’inspirant et en modernisant. »

Grâce à ses recherches précises et approfondies, elle reste fidèle à son patrimoine culturel, tout en le faisant vivre à sa manière.
« Tu apportes ta touche de ton époque, qui après permet aux générations futures de voir l’évolution entre ce qui a été fait et ce que toi tu as pu faire avec ce savoir-faire, ainsi que ce qui peut être fait encore plus tard. »
En septembre 2025, elle participe au Salon des jeunes artisans créateurs, aux côtés de 21 passionnés. À cette occasion, elle a pu rencontrer ses pairs locaux, mais également, des professionnels venus d’autres coins de l’Océanie.

« Au Salon des jeunes créateurs, j’ai rencontré deux Maoris venus témoigner de leur culture, et j’ai adoré les échanges, parce qu’ils ont une façon de sculpter qui est complètement différente de la mienne. C’est super intéressant, parce que, avant tout, on est des peuples de la Polynésie, donc je pense que toutes les cultures sont complémentaires. D’ailleurs, ça s’est vu par rapport à la langue : il y a beaucoup de leur vocabulaire qui se rapproche du tahitien et du marquisien. En fait, on n’est qu’un seul peuple, avec des variantes. »
©Photos : Cartouche Louise-Michèle pour Femmes de Polynésie




