Timeri Pollock, une artisane très “chic”

C’est au marché de Papeete que Femmes de Polynésie a rencontré Timeri Pollock. Dans ce lieu emblématique de la capitale, l’artisane, originaire de Rurutu et de Rimatara aux Australes, tient un petit stand où elle vend ses créations originales : des paniers ornés de nacre ou encore de coquillages.

Une grande table, une nappe à fleurs roses, et dessus, une vingtaine de sacs en pandanus rivalisant de finesse… et de chic. Ce sont les dernières confections réalisées par cette artisane spécialisée dans le tressage.

 

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Cet art du tressage, Timeri Pollock l’a hérité dans son ADN et le pratique depuis des années.

« Je suis née et j’ai grandi à Tahiti, mais ma famille vient des Australes, des îles de Rurutu et de Rimatara. À chaque vacances, j’y allais, surtout à Rimatara. L’artisanat fait vraiment partie de la vie là-bas. Mes grands-parents étaient artisans, ma famille tressait, ma mère aussi. Cela fait partie de notre culture depuis toujours. »

Si Timeri a vécu dans l’univers du tressage aux Australes, elle l’a aussi connu à Tahiti, où sa famille tenait déjà un stand au marché de Papeete.

«Quand j’étais plus jeune, ma mère me demandait souvent de venir l’aider à le tenir, car on vendait des objets artisanaux des Australes. J’avoue que je n’aimais pas trop ça, j’avais un peu honte : pour moi, le tressage, c’était une activité de mama»

Mais ce sentiment se transforme vite en curiosité, et la jeune fille finit par s’essayer elle aussi à l’art du tressage.

« J’ai demandé à ma maman de me montrer comment faire, et c’est comme ça que tout a commencé. J’ai réalisé mon premier panier vers l’âge de 12 ans et j’en étais assez fière. »

En parallèle, elle poursuit sa scolarité à Mahina, puis passe un CAP en esthétique, avant de devoir s’arrêter.

« À l’époque, pour continuer après le CAP, il fallait partir en France, mais c’était compliqué pour nous, donc je n’ai pas pu. »

C’est alors tout naturellement que Timeri décide de s’orienter vers l’artisanat pour travailler.

Devenue adulte, Timeri n’a rien perdu de sa curiosité d’adolescente. Et si le tressage est un art ancestral, rien ne l’empêche de le faire évoluer.

« Avec le développement d’Internet et surtout des réseaux sociaux, j’ai pu voir ce qui se faisait ailleurs. Cela m’a donné des idées, m’a inspirée pour créer des mélanges, un mix entre ce que je voyais ailleurs et notre artisanat polynésien. Je pense que l’artisanat doit évoluer au même rythme que la société. Ces mélanges sont une richesse. Et c’est pareil pour la mode : il faut savoir suivre les tendances pour attirer le client et lui proposer des nouveautés, pas toujours le même panier. »

Forte de cette volonté de faire vivre sa culture entre tradition et modernité, Timeri lance, en 2016, sa propre marque, qu’elle baptise Vahine Chic.

« J’ai choisi ce nom parce que le mot vahine est polynésien et que mes paniers s’adressent aux femmes. Et souvent, les clientes me disaient que mes sacs étaient chics ! »

À travers chacune de ses réalisations, l’artisane, âgée aujourd’hui de 40 ans, crée des pièces uniques, un peu comme un chef invente une nouvelle recette.

« Je me suis spécialisée dans les sacs. Je les imagine, les visualise dans ma tête, je fais les gabarits à la maison et les finitions au marché. J’aime mettre des couleurs, des coquillages, de la nacre gravée… Le pandanus vient des Australes, les coquillages des Tuamotu, mes sacs représentent la Polynésie. Quand les touristes m’en achètent, c’est un peu de la chaleur polynésienne qu’ils ramènent avec eux. »

Et cet art du tressage qu’elle a reçu en héritage, Timeri est fière aujourd’hui de le transmettre à ses enfants.

« Mes filles ont appris à tresser aussi, à Rimatara. Mon aînée tresse le pandanus là-bas et mon autre fille m’aide à Papeete. Mon garçon n’a que 12 ans, mais je vais l’amener à Rimatara aussi. »

©Photos & vidéos : Pauline Stasi pour Femmes de Polynésie

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