Les Polynésiens les ont découverts il y a un peu plus d’un an. La néobanque Deblock compte aujourd’hui plus de 300 000 clients en France dont 40 000 utilisateurs au fenua et en Nouvelle-Calédonie. Une croissance « fois 5 de ses revenus, de ses ouvertures de comptes et des transactions par carte » dans la région, en seulement 9 mois. Un succès que rien ne semble freiner.
Le 17 novembre, la société, créée par des anciens de Revolut, a annoncé avoir levé 30 millions d’euros (environ 3.6 milliards de Fcfp). Objectif : « bâtir la 1ʳᵉ banque “on-chain” » (comprenez qui utilise la technologie de la chaine de blocs, blockchain) mais aussi, gagner du terrain en Polynésie française.
– PUBLICITE –
Interrogé en janvier dernier, le directeur général de la Banque de Tahiti, Frédéric Panigot, alors président du Comité local des banques, ne paraissait pas effrayé par Deblock, voyant dans les néobanques, des établissements « low cost ». Il estimait que l’arrivée d’entreprises comme Deblock allait inciter les établissements traditionnels à repenser leur modèle.
Si aucune banque locale n’a depuis amorcé de changement important, Deblock, elle, passe la seconde. « Au final, les gens, ils veulent faire quoi ? Ils veulent se payer simplement et quasi gratuitement. Quand je donne de l’argent, je n’ai pas envie de devoir payer des frais à chaque fois, et ils veulent aussi pouvoir gagner de l’argent. C’est aussi simple que ça au final« , estime Jean Meyer, co-fondateur et CEO de Deblock qui nous a accordé une interview.
« Rendre les paiements encore plus rapides, et plus simples »
Deblock va donc poursuivre son développement et « rendre les paiements encore plus rapides et plus simples, que ce soit les paiements vers éventuellement d’autres destinations, à l’international. Aujourd’hui, il y a un réseau qui s’appelle Swift. On pense qu’avec la blockchain, on peut aller beaucoup plus vite. Et les aider aussi à gagner plus d’argent. Ce qu’on sait faire très bien par rapport à notre concurrence, c’est qu’en fait, on sait utiliser la finance décentralisée sur la blockchain, et on arrive à la simplifier, à la rendre très simple. (…) Avec Deblock et grâce à la finance décentralisée, on peut offrir du 3, 4, 5% (de rendement, NDLR), donc ce sont des taux variables, mais qui descendent très rarement en dessous de 2,5%, donc on devient très compétitif très vite par rapport à la concurrence. »
Des comptes pour les professionnels en projet
Que les banques traditionnelles se rassurent, Deblock ne compte pas encore se lancer dans les crédits. En revanche, « la partie pro et business, c’est quelque chose qu’on compte faire, qu’on regarde de très près, sur laquelle on a commencé à travailler (…). On sait qu’il y a une vraie demande, et on a envie de combler cette demande, particulièrement sur le marché polynésien, très clairement ».
Deblock réfléchit par ailleurs à créer des comptes « junior avec supervision des parents », comme le font déjà d’autres néobanques.
Une app qui se veut performante et pas d’agence physique
Au fenua, outre l’entreprise Dinovox qui la représente, Deblock a deux salariés. Mais aucune agence physique n’existe. Et ce n’est pas au programme… « Ce n’est pas à l’ordre du jour parce que ce n’est pas un modèle dans lequel on croit forcément. (…) Je sais que ça peut rassurer, je sais que ça peut être important. Maintenant, il faut aussi savoir que la plupart des conseillers de clientèle dans les banques classiques, ils sont certes là pour vous aider, mais ils sont aussi là pour vous vendre des produits financiers. Ce n’est pas quelque chose qu’on compte faire. C’est un peu un cache-misère pour nous, si on n’arrive pas à faire une expérience utilisateur qui est assez bonne via notre application, c’est qu’on est en échec quelque part, on n’est pas assez bons. Et si on doit cacher ça par un conseiller humain qui va être dans une agence qui sera ouverte de 10h du matin à 11h30 et de 14h à 16h30, parce que votre app n’est pas assez fonctionnelle, ça veut dire qu’on a échoué. »
« Il n’y a aucune raison pour laquelle une banque classique qui a 100 ans soit au final plus sûre qu’une néobanque.
À ceux qui avancent que la néobanque serait moins sûre qu’un établissement classique, Jean Meyer assure : « On est régulé par le même régulateur, que les choses soient bien dites et très claires, et on répond donc aux mêmes exigences régulatoires. Il y a quelque chose qui s’appelle le fonds de garantie des dépôts, auquel aussi, on doit répondre et de la même manière que les autres banques locales. Il n’y a aucune raison pour laquelle une banque classique qui a 100 ans soit au final plus sûre qu’une néobanque. Et je vais même aller au-delà, moi, j’ai travaillé dans une néobanque qui s’appelle Revolut (…) et je peux vous assurer que les process internes étaient plus récents, plus automatisés, ils faisaient plus appel à l’intelligence artificielle, étaient aussi plus sûrs en termes de ce qu’on appelle le combat contre le crime financier, que ce que j’avais pu voir dans d’autres banques qui étaient pour le coup plus classiques. »
Au fenua, certains établissements refusent Deblock. Une pratique qui n’est pas justifiée. « Dans ces cas-là, ce qu’on fait, c’est qu’on prend le nom de l’établissement, on les appelle en direct. S’ils ne veulent pas entendre raison, on les met en demeure. Si ça ne fonctionne toujours pas, on les reporte au régulateur. Et là, d’un coup, ça se débloque très vite. Sans mauvais jeu de mots… (…) C’est triste. On est obligé d’aller appeler maman. Elle lui dira qu’ils ne veulent pas jouer avec les mêmes règles alors qu’on est réglé de la même manière. Et au final, ça fonctionne. »
Prochain objectif pour Deblock : atteindre les 100 000 utilisateurs au fenua.
Deblock sera présent lors du prochain sommet du web 3 au fenua, le Polynesian Islands Crypto Summit en mai prochain.



