“Je voudrais retourner à la maison et qu’elle me pardonne. Je regrette. J’ai changé depuis que je suis à Nuutania”. De retour dans son foyer, il n’en sera pas question à court terme. Le quadragénaire devra au préalable passer encore de longues années derrière les barreaux.
Et ce, même si sa victime, qui est aussi sa compagne, souhaite également reprendre le cours de sa vie avec lui malgré cette tragique journée du 14 juillet 2023 où il l’a passée à tabac à Raiatea.
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Elle l’a réaffirmé à la barre de la cour d’assises, ce lundi : “Je sais que mon tane n’est pas quelqu’un de méchant. C’est une erreur qu’il a faite. Je lui pardonne”.
“Vous avez conscience que vous auriez pu mourir”, a rebondi la présidente de la Cour, alors que son pronostic vital avait un temps été engagé. “Oui. Tout le monde me dit ça, mais je sais qu’il ne va pas recommencer. Jésus a été accusé et il est remonté au ciel. J’ai vécu avec lui 23 ans, je sais qu’il ne me fera plus ça. Je veux retourner avec lui. C’est tout”, a-t-elle répondu sans ciller.
Une position incompréhensible pour la fille du couple, 23 ans aujourd’hui et élevée par d’autres membres de la famille. Elle a dépeint des violences régulières sur sa mère. Une femme qui, après l’épisode du 14 juillet, a passé plusieurs mois à l’hôpital, puis au centre Te Tiare. Et qui, aujourd’hui, doit prendre un traitement quotidien et s’apprête à subir une nouvelle intervention chirurgicale pour la pose d’une prothèse au crâne.
“Elle est encore là à demander qu’il sorte. Ce n’est pas du tout ce que je veux (…) Je me bats pour aider ma maman, mais de son côté, elle ne veut pas le faire. Si j’avais su qu’elle allait dire tout ça, je ne serais pas venue (…) J’espère qu’il paiera pour ce qu’il a fait”, a asséné sa fille, en larmes.
“Il l’a battue comme plâtre avec ses poings. Elle n’a eu la vie sauve que parce qu’elle s’est enfuie. Ma cliente est une survivante, une miraculée”, a souligné son avocate Me Isabelle Nougaro, « elle a une kyrielle de médicaments à prendre. Toute sa vie sera comme ça ».
Dans ses réquisitions, l’avocat général Michel Mazars a déploré que l’accusé a cherché « à minimiser sa responsabilité » dans le drame, affirmant que c’est la chute au sol de sa compagne, après une pluie de coups, qui lui a occasionné les dommages les plus importants.
« Le médecin légiste l’a dit. Si elle avait chuté de toute sa hauteur, il y a de grandes chances pour que les lésions constatées aient été différentes. Or, rien de tel (…) Sa posture à l’audience m’inquiète », a soufflé le magistrat avant de réclamer 12 années de prison sur les 15 encourues par l’intéressé.
Des réquisitions jugées sévères par l’avocat du quadragénaire, « quelqu’un de bien », selon lui. Pour Me Miguel Grattirola, son client a eu un geste réflexe, car lors de la rixe, sa compagne a empoigné ses testicules.
« Sous l’effet de la douleur, il a donné des coups qu’il a tout de suite regrettés. L’intentionnalité n’y était pas. Il a répondu de façon exagérée à une douleur qui lui était infligée. On est très loin de la personne qu’on vous dépeint », a-t-il plaidé en appelant les jurés à « l’indulgence »…qui n’est pas venue.
En plus des 12 années de prison, l’accusé ne pourra entrer en contact avec sa compagne durant 5 ans après sa sortie de détention et il devra suivre des soins. Une audience ultérieure se tiendra pour déterminer le montant des dommages et intérêts qui seront alloués à la victime.
La session de la cour d’assises reprendra ce mercredi. Un dossier de meurtre sera étudié durant 3 jours.
