Mahea a à peine 13 ans quand elle a pris la lourde décision de fuir le foyer familial où la violence était omniprésente.
Adolescente, elle s’est donc retrouvée dans les rues de Papeete, sans aide, ni argent, mais aussi sans repère. Des souvenirs encore douloureux.
– PUBLICITE –
« Mon enfance s’est mal passée. Je vivais chez les parents de mon papa. Ce n’est pas un vécu qu’un enfant aimerait. Je n’avais pas ma maman, ni mon papa. Et j’ai subi des choses que l’on n’aimerait pas que l’on fasse à une petite fille. J’en veux encore à mes parents (…) A 13 ans, j’ai décidé de sortir de là où j’étais (…), de trouver un endroit où l’on ne me ferait pas de mal. Et j’ai trouvé ça dans la rue », raconte-t-elle avec pudeur.
Durant des années, la jeune femme a donc préféré dormir où elle le pouvait dans Papeete où elle a rencontré d’autres sans-abris. Elle est tombée enceinte et, au fil des ans, elle a donné naissance à 5 enfants, dont le dernier est âgé de 3 mois à peine.
Au vu de sa situation et de celle de ses enfants, les services sociaux se sont rapidement inquiétés de leur sort. Les 4 aînés ont été confiés à des membres de sa famille.
« Je vais les voir quand je peux (…) Ils ont ce qu’ils veulent, à manger. Ils ont aussi l’amour de mes taties et de mes tontons, ce que moi, je n’avais pas », souffle-t-elle.
Puis la jeune femme de poursuivre : « Quand ils sont avec moi, on discute. Ils me disent : ‘maman, c’est trop bien avec toi. Pourquoi tu ne peux pas nous prendre ?’ (…) Je leur dis que si un jour j’ai un travail et un logement, je pourrais me permettre de les prendre. Ils me disent ‘promis tu viendras nous récupérer ?’ et je leur réponds ‘oui, je viendrai’ ».
Pour éviter que le dernier-né soit placé à son tour, Mahea, 31 ans aujourd’hui, a saisi la main tendue par les services sociaux et a accepté d’être suivie par l’association Pu O Te Hau qui soutient les femmes en détresse.
« Je suis là parce que j’étais dans la rue, enceinte. Pour que l’on ne place pas ma fille, j’ai préféré venir au foyer pour m’en occuper », dit-elle.
Aujourd’hui, la jeune maman veut croire en un meilleur avenir pour elle et ses enfants. « Mon rêve serait d’avoir un travail et un logement à moi. Je suis motivée. J’essaye de postuler. J’attends les réponses. Et je voudrais pouvoir récupérer mes enfants. C’est ça mon rêve. Pour qu’ils puissent être avec moi et qu’ils ne vivent pas ce que j’ai eu dans mon passé », confie-t-elle.
Ce qui lui « manque le plus », c’est finalement « l’amour de -sa- famille » : « Je voudrais au moins qu’ils me montrent qu’ils m’aiment ». De l’attention et de la compréhension qu’elle est parvenue à trouver auprès de son compagnon.



