Suspendu début octobre de ses fonctions de principal du collège de Mataura, Willy Vaiho conteste une décision qu’il juge injustifiée, une position que son avocat partage après leur première rencontre à Tahiti. Selon Me Stanley Cross, l’arrêté de suspension ne mentionne aucun grief, alors même qu’il écarte le principal de son établissement pour quatre mois maximum. « Dans l’arrêté de suspension, il n’y a aucun fait reproché à M. Vaiho« , rappelle-t-il, estimant que la base légale de la mesure est insuffisante.
De son côté, Ronny Teriipaia a rappelé la semaine dernière que la décision émane « du ministère de l’Éducation nationale à Paris, prise « à la suite d’une enquête administrative conduite en juin 2025 et d’une proposition conjointe du ministre de l’Éducation de la Polynésie française et du vice-recteur de la Polynésie française. » Une précision qui, selon lui, clarifie la chaîne de responsablités.
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Une suspension aux effets inverses
Alors que la mesure est officiellement motivée par « l’intérêt du service », l’avocat affirme qu’aucun élément ne permet d’étayer une telle justification. Depuis la rentrée d’août, selon lui, aucun dysfonctionnement n’a été signalé au collège de Mataura, souligne-t-il, estimant que la décision de suspension a au contraire provoqué des tensions inédites à Tubuai. « C’est cette mesure qui nuit au fonctionnement du collège. »
La vive réaction de la population de Tubuai, les manifestations de parents d’élèves, l’inquiétude et l’incompréhension du Tavana en seraient l’illustration. L’avocat réagit d’ailleurs aux critiques adressées au maire par le ministre de l’Éducation, Ronny Teriipaia : « le Tavana est membre de droit du conseil d’établissement. Il est normal qu’il réagisse. »
Le ministre, lui, a rappelé qu’un élu communal n’a pas à intervenir dans une procédure interne au ministère, déclarant en séance hier à l’Assemblée de Polynésie : » Je ne me permettrais pas de prendre position en faveur d’un agent communal faisant l’objet d’une procédure engagée par la Commune. De la même manière, il n’appartient pas à un élu communal d’intervenir dans une procédure administrative interne au ministère de l’Éducation. »
Une demande de retrait toujours possible
Si l’arrêté de suspension a été signé par le ministre de l’Éducation nationale en France, Me Cross souligne que le ministre polynésien peut intervenir : « il peut très bien demander au ministre national de retirer la décision. » Selon lui, Paris n’aurait pas anticipé l’ampleur de la mobilisation à Tubuai et pourrait revoir sa position si une telle demande était formulée.
Un recours gracieux avant un éventuel passage au tribunal
L’avocat finalise actuellement un recours gracieux, première étape de la procédure administrative. Si cette demande restait sans réponse ou était rejetée, un second recours serait enclenché devant le tribunal administratif de la Polynésie française, dans un délai de deux mois.
La suspension, elle, court pour une durée maximale de quatre mois. Sans nouveaux éléments ou procédure disciplinaire engagée, Willy Vaiho devrait être rétabli dans ses fonctions, assure Me Cross.
« Une sanction déguisée »
Pour Me Cross, l’argument juridique qui fonde la suspension ne tient pas. « Cette mesure est faite dans l’intérêt du service. Or, il n’y a rien qui permet de dire qu’il fallait absolument suspendre M. Willy Vaiho. » L’avocat souligne que depuis la rentrée, aucun dysfonctionnement n’a été signalé au collège de Mataura. Dès lors, l’usage d’une suspension – normalement destinée à prévenir un trouble grave – lui paraît injustifiée.
« C’est pour ça que M. Vaiho considère, et moi également, qu’il s’agit d’une sanction déguisée, » affirme Me Cross.



