« Retrouver nos repères dans le temps » : Haururu célèbre le Matari’i i ni’a

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Ce samedi, les membres de l’association Haururu se sont rendus sur le marae Toomaru pour ériger les unu, symboles de l’oiseau tourné vers le ciel et les pléiades. Un geste ancestral qui marque l’ouverture du Matari'i i ni'a, la période d’abondance. Fidèle à sa mission de transmission, l’association œuvre depuis plus de vingt ans à préserver les repères culturels et spirituels polynésiens. Invité sur le plateau de TNTV, Yves Doudoute, membre de Haururu, rappelle l’importance de "retrouver la maîtrise du temps et de sa terre" pour les générations futures. Interview.

TNTV : Que représentent exactement ces unu dressés sur les marae ?
Yves Doudoute :
« Pour Haururu, ça doit faire la 15ème année que l’on montre ces unu. On a besoin dans notre culture, comme dans toute chose, de trouver des repères dans le temps. On a besoin de trouver d’où l’on vient, qui on est. Et les unu sont là dans notre culture, ce sont ce qu’on appelle les taura, les guides. Toutes les familles polynésiennes, si elles font l’effort, ont un guide. »

TNTV : Pourquoi cela se passe dans la vallée de la Papenoo ?
Yves Doudoute :
« L’association a décidé, petit à petit, de mettre en place ces repères dans le temps. Toute société a besoin de repères dans le temps. Or, les problèmes qu’on trouve là, c’est qu’on n’a plus de repères. On parle de l’ice, c’est tout simplement parce que les gens sont perdus. La même chose pour ceux qui lancent les poubelles, etc. C’est qu’il n’y a plus rien, il faut remettre en place cette maîtrise du temps. Donc de l’espace, donc de sa terre. »

TNTV : Et est-ce que cette cérémonie intéresse toujours la jeunesse ?
Yves Doudoute :
« On y vient. Ce matin, par exemple, il n’y avait quasiment que des jeunes (…) » .

TNTV : Le nouveau jour férié du 20 novembre a été décrété. C’est une reconnaissance importante du travail que vous menez depuis des années. Qu’est-ce que cette officialisation représente pour votre association et pour vous ?
Yves Doudoute : « Pour nous, c’est une satisfaction dans la mesure où on va fêter Matarī‘i i ni‘a, on va fêter ce début de l’abondance. A priori, on parle de fêter aussi Matarī‘i i raro, parce que Matarī‘i i ni‘a, sans Matarī‘i i raro, ça ne sert à rien. On est heureux, c’est vrai. Mais à côté de ça, on ne souhaite toujours pas en faire un jour chômé. Parce que le jour chômé, vous allez voir que dans quelques temps, dans quelques années, il n’y aura plus personne pour fêter Matarī‘i i ni‘a » .

TNTV : Avez un programme spécifique pour cette journée ?
Yves Doudoute :
« On ne va pas changer ce qu’on a commencé il y a 20 ans. Donc, on aura nos cérémonies, il y aura les cérémonies du Pays, il y aura les cérémonies des communes, il y en a plusieurs, on n’en entend pas parler. Pourtant, elles sont un peu partout. C’est ce qui nous intéresse, c’est que ça soit fêté partout et qu’on parle de soi, de sa culture, de son identité au travers du temps, donc de l’espace. C’est fondamental dans toute société. C’est ce travail qu’on entreprend et qu’on espère pouvoir continuer plus à fond, justement, parce que c’est un phénomène de société. On n’arrive plus avec cette mondialisation » .

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