Essais nucléaire : front commun des élus contre les déclarations de Trump

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Front commun contre une reprise d’essais nucléaires par les Etats-Unis. A Here ia Porinetia a rejoint le Tapura Huiraatira qui a déposé cet après-midi une résolution à l’Assemblée en réponse aux déclarations du président Trump. Une initiative saluée par le Tavini.

Unis sur le fond… pas tout à fait encore sur la forme. A Here Ia Porinetia a d’ores et déjà signé la résolution du Tapura « afin d’affirmer l’opposition du pays à toute reprise des essais nucléaires » après les déclarations de Donald Trump.

Si le tavini soutient la démarche, il n’a pas encore signé le document. « Mieux vaut tard que jamais » sourit le président de l’assemblée de Polynésie française et vice-président du Tavini, Antony Géros, surpris de voir les autonomistes se mobiliser aussi rapidement sur ce sujet. Pour autant le parti indépendantiste soutient la démarche, mais souhaite d’abord prendre connaissance du texte dans les détails et s’assurer que celui-ci est « exhaustif ». En particulier sur le niveau de perfectionnement de ces armes.

« Une déclaration comme a fait Donald Trump, c’est une déclaration gratuite qui ne peut qu’inciter les autres puissances… À cette marche en avant, à cette course vers une meilleure arme nucléaire, la planète ne va pas survivre. (…) Il faut abolir les armes nucléaires, quel que soit leur niveau de perfectionnement » assène le président de l’assemblée. « On n’est pas le terrain de jeu de ces grandes puissances qui aujourd’hui, parce qu’ils ont la bombe atomique, se permettent de faire des déclarations irresponsables comme ça dans le monde. Et c’est pour ça que nous on propose l’éradication totale, non seulement des armes existantes, mais de celles qui sont en cours de perfectionnement aujourd’hui ».

La déclaration du président Trump a en tout cas suffit pour réveiller des craintes à la fois internationales et régionales. Dans un communiqué diffusé vendredi, le Tapura Huiraatira s’était dit « stupéfait ». « Alors que la Polynésie française porte encore les conséquences humaines, sanitaires et environnementales de 193 essais menés entre 1966 et 1996, une telle déclaration constitue une inquiétude majeure et un grave recul pour la paix, » écrit le parti rouge.

Tepuaraurii Teriitahi :  » Une voix du Pacifique à faire entendre »

Son texte appelle à une « mobilisation régionale et internationale » s’appuyant notamment sur l’assemblée interparlementaire du pacifique et les états membres du forum des îles du pacifique pour condamner fermement toute reprise des essais. « Il y a deux paragraphes où on appelle aussi les cousins du Pacifique à soutenir cette démarche, notamment les îles Marshall, où les États-Unis pourraient, pourquoi pas, refaire des tests« , défend l’élue Tapura Tepuaraurii Teriitahi.

Elle rappelle que la Polynésie siège « au Forum des îles du Pacifique, mais aussi à l’Assemblée interparlementaire du Pacifique, dont Antony Géros est aujourd’hui le président« . Ces instances, selon elle, doivent servir à « parler d’une seule voix sur ce sujet« . Et d’ajouter : « On n’a pas envie que le Pacifique soit à nouveau le théâtre d’essais avec toutes les conséquences sanitaires qu’on connaît aujourd’hui et qu’on ne veut plus voir perdurer dans notre océan. »

Fritch : ‘l’essentiel, c’est qu’on soit unis »

Avec 193 essais entre 1966 et 1996, la Polynésie porte aujourd’hui encore les stigmates de ces expérimentations. Le président du Tapura et ancien président de la Polynésie, Edouard Fritch, la menace est trop grande pour ne pas faire front commun.

« Contrairement à nous, (…) Oscar Temaru se bat quand même depuis les années 70 contre cette affaire, donc c’est normal qu’il n’ait pas la même vision. L’essentiel, c’est qu’on aille ensemble, qu’on soit unis face à une telle annonce (…) parce qu’il faut regarder les pays qui ont la bombe atomique aujourd’hui : ils sont nombreux, avec les États-Unis, la Chine, la Russie, la France, l’Iran, l’Inde. (…) Le problème, c’est la surenchère derrière. Il faut que dès maintenant nous annoncions que nous sommes totalement opposés à l’arme atomique aujourd’hui. Faire un front commun. »

A Here Ia Porinetia s’associe sans réserve

Pour Nicole Sanquer, la présidente de A Here Ia Porinetia, la démarche du Tapura mérite un soutien clair et immédiat. « Notre motivation est simple, c’est une expression politique pour montrer que nous sommes contre les essais nucléaires ». Elle rappelle que « la France a signé un traité qui exprime justement cette position contre toute explosion des essais nucléaires. »

La députée annonce que son groupe co-signera la résolution sans amendement. « C’est aussi un geste politique pour dire que les autonomistes ne sont pas pour le nucléaire. (…) On nous a souvent traités d’avoir participé, d’avoir contribué à l’expérimentation des essais nucléaires, alors que non, nous ne sommes pas pour. »

La proposition de résolution doit désormais passer par la commission des institution avant d’être examinée en séance plénière. Ce n’est pas la première fois que les groupes politiques se mobilisent sur le nucléaire. En septembre 2023, l’assemblée avait déjà voté à l’unanimité la résolution relative au soutien au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN).

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