Mama Denise nous accueille dans une vieille maison bleue. Sous le carrelage, sous chaque plancher, reposent des proches partis trop tôt. « Il y a mon père, le père de ma mère, ma mère, ma petite sœur et ma nièce… »
Des sépultures invisibles, discrètes, que seuls les membres de la famille connaissent. « Lorsqu’il pleut, ils sont à l’abri, comme nous. C’est un juste retour. Ils se sont occupés de nous donc on fait pareil pour eux. C’est pour cela qu’on les garde dans la maison. On n’a aucune peur d’être hantés. Quand on dort, on a l’impression qu’ils sont avec nous, comme s’ils étaient encore en vie. »
À Raivavae, impossible pour l’instant d’envisager un cimetière communal. En cause, un problème foncier qui bloque toute avancée. Alors, on s’adapte, génération après génération, en créant des espaces funéraires à domicile.

Henriette, elle, a décidé de prendre les devants. Sur sa terrasse, un petit caveau flambant neuf attend désormais les prochains défunts de la famille. « Quand on a fait la terrasse, j’ai demandé à mon mari de faire un caveau pour qu’on puisse enterrer notre famille. On pense y mettre deux personnes. Le premier qui sera mort, on l’enterre ici, on coule le ciment pour couvrir et à la deuxième personne on referme pour de bon. »
Ici, dans cet écrin du Pacifique, enterrer ses proches auprès de soi, c’est une façon de les garder dans le quotidien. Et à moins d’y être contraints, les habitants de Raivavae entendent bien poursuivre cette coutume.



