Dans la vallée de Matatia, à Punaauia, Gauthier Audoine cultive son trésor vert : la spiruline. Cette cyanobactérie, riche en protéines et en nutriments, est produite dans ces bassins, chauffés par le soleil du fenua.
Le jeune entrepreneur réaliste tout à petite échelle, de façon artisanale. « C’est toujours un challenge technique parce que c’est du vivant, la spiruline est très fragile si tu ne sais pas t’adapter à elle : c’est plutôt à toi de t’adapter à elle au départ parce qu’elle peut mourir très rapidement, explique-t-il. Il faut respecter tout un certain nombre de paramètres physico-chimiques, sur tout ce qui est PH, température, salinité, il y a beaucoup de choses à prendre en compte » .
Rien ne le prédestinait à se lancer dans cette voie. Après des études dans l’immobilier, Gauthier y travaille 5 ans, en France, puis se tourne vers la menuiserie. Il découvre Tahiti pendant des vacances. Adepte d’athlétisme et consommateur de spiruline pour la récupération, il se rend compte qu’il n’existe pas de production locale, seulement des produits importés. Étude de marché, formation dans des fermes en France… son projet prend forme. Il revient en Polynésie il y a 3 ans et débute sa production sur fonds propres, sur ce terrain.
2 ans après ses débuts, il est lauréat du programme Polynnov. « C‘est un bel accompagnement avec des personnes qui sont qualifiées, qui sont compétentes, qui sont investies pour nous accompagner à nous développer » .
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« C’est un accompagnement global, il y a aussi bien la partie juridique, la partie propriété intellectuelle, mais il y a aussi la partie marketing, positionnement de produits, vente, donc c’est vraiment un accompagnement adapté et large » , ajoute Gauthier.
Un coup de pouce précieux pour dynamiser son activité. Il développe un nouveau produit dans un laboratoire privé. Une boisson lyophilisée à base de phycocyanine, un principe actif de la spiruline, qui lui donne cette couleur bleue. Un nouveau complément alimentaire made in fenua, en plus de ceux en poudre ou en paillettes.

« Il y a des compétences, il y a du matériel, il y a des gens qui sont qui sont compétents pour venir valoriser certaines molécules, certaines bactéries qui ont des intérêts aussi bien cosmétiques ou nutritionnels, alimentaires et ici nous on est sur la partie alimentaire » , conclut Gauthier.
Ambitieux, il compte défendre son modèle de production polynésienne de spiruline dans le volet régional de France 2030. Il espère ainsi décrocher un soutien financier afin de moderniser sa ferme.