Taiarapu-Est : trois hommes condamnés pour trafic de paka et d’ice

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    Face au tribunal correctionnel ce lundi, trois hommes ont tenté de minimiser leur implication dans un petit trafic de paka et d’ice, à Taiarapu-Est. Entre justifications confuses, minimisations et récits de consommation pour dormir ou pour garder la ligne, leurs versions n’ont pas convaincu le tribunal.

    C’est un dossier comme le tribunal correctionnel en voit passer des dizaines par mois. Celui de trois coprévenus impliqués dans une petite entreprise de trafic de drogues sur Taiarapu-Est : John, 33 ans, charpentier métallique, Hiro, 44 ans, maçon au noir, et Manu, 34 ans, sans emploi, sont jugés pour transport, détention et usage de paka et d’ice entre novembre 2024 et février 2025.

    Chez John*, les enquêteurs trouvent 20 grammes de paka, 49 sticks, une bubble, 17 plants d’un mètre et 25 pousses. Sur son téléphone, des échanges éloquents avec Manu, indiquant que ce dernier lui fournit de l’ice, qu’il consomme depuis début 2025. Le paka, il le vend pour arrondir ses fins de mois … et « pour dormir » .

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    À la barre, John s’emmêle dans des explications. Une confusion que ne manque pas de relever la présidente du tribunal, tandis que Manu le regarde du coin de l’œil. John assure avoir cessé toute consommation dès qu’il a su que ce dernier avait une réputation de gros bonnet. Il dit lui avoir acheté pour 40 000 francs uniquement pour son usage personnel.

    Chez Hiro, on découvre deux bubbles, un gramme de paka, sept sachets vides et un sachet de 0,36 g d’ice. Lui affirme consommer de la méthamphétamine depuis huit moiset en vante les bienfaits. Opéré quelques années plus tôt, il dit être passé de 200 à 73 kilos grâce à la drogue. Il achète à Faa’a, où il connaît du monde : « Tu demandes, tu donnes l’argent, ça revient », déclare-t-il aux enquêteurs. Il dit ne pas revendre, puis admet avoir « dépanné » plusieurs clients entre décembre 2024 et juin 2025. Plutôt une « petite clientèle » qu’il a lui-même listée, selon la présidente. Déjà condamné à un an avec sursis en 2023 pour trafic de paka, il affirme avoir arrêté avant que la situation ne dégénère.

    Manu, lui, a été interpelé plus tôt que les deux autres, le 12 février dernier. À son domicile, les gendarmes trouvent trois pipettes, une bubble et une vingtaine de sachets. Il consomme de l’ice depuis six ou sept ans et dit se fournir à la gare routière. Il reconnaît s’être cotisé avec John pour acheter, consommer et revendre : « Je revendais pour me rembourser ma conso » , assure-t-il. Parallèlement, il dit gagner 150 000 francs par an sur le paka, qu’il vend depuis quatre ou cinq ans.

    « Ce que vous appelez du dépannage, c’est de l’offre »

    Pour la procureure, l’arrestation de Manu marque un tournant. « Il a dû dire aux autres : attention, c’est tendu » , analyse-t-elle. Elle décrit trois hommes « qui se connaissent, s’entraident, se fournissent et revendent », estimant qu’il ne s’agit pas de simples consommateurs. Concernant John, elle requiert 24 mois de prison dont douze avec un sursis probatoire pendant deux ans, assortis de soins et d’une interdiction de contact avec. Elle se montre plus ferme avec Hiro. « Ce que vous appelez du dépannage, ça n’en est pas. C’est de l’offre » , lance-t-elle. Elle requiert 36 mois dont 12 avec sursis et le même régime de contrôle contre lui. Même peine pour Manu, assortie cette fois d’un mandat de dépôt.

    Me Viviane Genot, avocate de John et Hiro, plaide pour la clémence. « John essaie de se reconstruire, de fonder une famille. Il est intégré », dit-elle. Elle demande un sursis probatoire pour lui et une peine et une peine moins lourde pour Hiro. Me May Gaymann, conseil de Manu, souligne que « rien dans le dossier ne permet de démontrer que le trafic a perduré ». « Il ne roule pas sur l’or », ajoute-t-elle, décrivant un trafic d’ampleur très relative.

    Finalement, le tribunal a condamné les trois hommes. John écope de 18 mois de prison dont 12 avec sursis probatoire pendant deux ans, Hiro de 30 mois dont 12 avec sursis probatoire, plus la révocation d’un an de sursis de 2023, et Manu de 4 ans de prison dont 12 avec sursis probatoire.

    Tous devront suivre des soins, travailler, payer leurs amendes. Ils ont interdiction de reprendre contact.

    * Les prénoms ont été modifiés

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