Il y a des dimanches matin plus calmes que d’autres. Les gérants du magasin Champion de Taravao en savent quelque chose.
Tout part d’un banal vol à l’étalage, dimanche dernier, aux alentours de 10 heures. Dans les rayons, un jeune homme de 19 ans désargenté dissimule dans son short un paquet de jambon et un pot de mayonnaise. Un maigre butin d’à peine 1 000 Fcfp, pour lequel la situation dégénère.
Il est repéré par les caméras de surveillance et par le vigile, qui l’aperçoit faire des allers-retours vers son sac à dos laissé à l’entrée. À la caisse, le jeune homme ne dépose qu’une baguette de pain. Alertée par le responsable, la caissière intervient, tandis que le vigile tente de le retenir.
Sous l’emprise manifeste de l’alcool — il dira plus tard avoir bu « une bouteille de rhum » —, le prévenu insulte le vigile, frappe dans le téléphone de la gérante, puis lui assène un coup de poing au visage et un autre au bras. Le vigile reçoit lui aussi plusieurs coups, entraînant trois jours d’incapacité totale de travail (ITT). La gérante, quant à elle, bénéficie d’un certificat médical de sept jours.
Lors de son interpellation, le jeune homme ne se calme pas. Il tente de s’échapper, insulte et menace un gendarme récemment arrivé sur le territoire, lui donne un coup de coude, puis refuse de se faire fouiller. Il est placé en cellule à la gendarmerie de Taravao.
Devant la présidente du tribunal, il assure qu’il savait ce qu’il faisait, contestant avoir frappé la gérante. « C’est un monsieur que j’ai tamponné. J’ai pas tamponné la femme », insiste-t-il, visiblement nerveux. La présidente soupire : « Vous étiez déchaîné. Il faut arrêter de boire le matin. »
Son casier judiciaire, lui, est bien rempli malgré son jeune âge. Depuis 2021, à seulement 15 ans, il a accumulé les condamnations : vol aggravé, conduite sans permis, évasion lors d’une permission de sortie… En 2023 et 2024, il a déjà été sanctionné à plusieurs reprises par le tribunal pour enfants, notamment pour des faits similaires de violence.
Son avocate tente de tempérer : « C’est une tentative de vol alimentaire qui a dégénéré », plaide-t-elle. « Ce jeune homme est livré à lui-même. » Hébergé par ses grands-parents fa’a’amu à Vairao, il vit de petites sommes envoyées par sa mère depuis Fakarava. Quant à son père, il est incarcéré à Nuutania.
Le parquet, lui, rappelle la récidive et la dangerosité d’un comportement devenu habituel. Il requiert 18 mois d’emprisonnement, dont 6 avec sursis, assortis d’une obligation de soins, de travail et d’un travail d’intérêt général de 78 heures, ainsi qu’une indemnisation des victimes, à hauteur de 200 000 Fcfp chacune.
Le tribunal suit en grande partie ces réquisitions, à l’exception des dommages accordés au vigile et à ma gérante du magasin (180 000 Fcfp chacun). Le jeune homme, qui ne compte pas faire appel, a fait savoir qu’il refusait d’effectuer son travail d’intérêt général.
Jambon, mayonnaise et noms d’oiseaux : un voleur récidiviste condamné
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Le tribunal correctionnel a condamné, ce lundi, un jeune homme de 19 ans pour des faits de vol et de violences au Champion de Taravao, ce dimanche. Ivre, il avait tenté de passer un pot de mayonnaise et du jambon dans son short, avant de s’en prendre aux responsables du magasin et à un gendarme.