Il jouxte la fameuse antenne du Pic rouge, accessible depuis la vallée de Tipaerui : le nouveau data center géré par TDF, livré en juin dernier et fraîchement inauguré, abrite déjà les données informatiques de la Banque de Polynésie, et a un carnet de réservation bien rempli.
Entreprises, institutions et médias du fenua pourront y stocker, plutôt que sur un Cloud nébuleux, leurs précieuses data dès 2026 : une extension, prévue sur la parcelle voisine l’année prochaine, devrait porter sa capacité à une quarantaine de « baies » (un rack, de la taille d’une armoire, refroidi par un système de ventilation fermé).
« Au courant de l’année 2026, on va étendre ce local à deux autres salles, de manière à donner plus de capacités aux entreprises et aux tissus industriels et les PME polynésiennes pour s’installer et garder leurs données ici sur le territoire » , explique Christophe Sobczyk, délégué territorial Pacifique de TDF. L’opérateur d’infrastructures et de réseaux numériques, dont les antennes sont présentes partout au fenua, met en avant la résilience et la sécurité de son infrastructure, certifiée Tier III, qui garantit un haut niveau de redondance grâce à une alimentation et un refroidissement doublés. Situé à 300 mètres d’altitude, le site bénéficie d’une protection naturelle contre les risques liés aux coupures électriques ou aux submersions. « Les caractéristiques d’un datacenter, tout d’abord, c’est sa haute résilience en matière d’alimentation en énergie, de climatisation, de sécurité. Et on insistera beaucoup sur la sécurité » insiste Christophe Sobczyk.
Car au-delà de la technique, le centre, bien moins gros que la Tahiti Nui Fortress de l’OPT, dans la Papenoo, défend une logique de souveraineté numérique. « En Polynésie notamment, l’intérêt c’est d’avoir des données qui sont sauvegardées à proximité de leur activité principale. Notre vocation c’est quand même d’offrir des solutions de proximité » , poursuit-il. Et de poursuivre : « Le troisième aspect qui devient de plus en plus prépondérant dans nos activités, c’est la souveraineté. Le fait que les données soient gardées ici sur le territoire polynésien avec un haut niveau de sécurité et des lois, notamment le RGPD (Règlement général sur la protection des données), qui permet de garantir que ces données ne sont pas mal utilisées » .
En vigueur depuis mai 2018 dans l’Union européenne le RGPD, oblige à savoir où sont stockées les données et interdit, sauf conditions précises, leur transfert vers des pays ne garantissant pas un niveau suffisant de protection. En outre, les données hébergées doivent pouvoir être effacées, modifiées ou transférées si la personne concernée l’exige (droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité). Ce qui contraint les entreprises clientes à gérer leurs données de manière conforme, telles que le permettent les nouvelles infrastructure de TDF – un investissement de 90 millions de francs.

Pour les entreprises locales, ce data center vient offrir une alternative aux serveurs internes, plus vulnérables aux attaques. « Nos premiers concurrents, ce sont nos futurs clients » , reconnaît Christophe Sobczyk. Ceux-ci stockent encore souvent sur des serveurs en réseau ou sur des disques durs, beaucoup plus exposés à des piratages et des détournements. « Notre priorité quand on l’a conçu, c’est de leur permettre de les stocker ici, de pouvoir les rapatrier quand ils le souhaitent, de faire du backup éventuellement par rapport à leurs propres infrastructures, et puis de les laisser ‘libres’ d’installer, d’urbaniser leur baie, de choisir leur matériel, d’être complètement autonome de ce point de vue-là » .
Le Service informatique de la Polynésie française (SIPF) doit d’ailleurs lancer prochainement un appel d’offres pour explorer l’hébergement des données de l’administration. De quoi renforcer la vocation de ce centre à devenir un pivot de la transition numérique du territoire. « On voit une explosion des usages numériques aujourd’hui, parmi la population mais aussi dans les entreprises, et on veut accompagner cette évolution. C’est tout l’objectif de notre implantation ici » , conclut Christophe Sobczyk.