C’est la première cause de décès chez la femme en Polynésie. Et pourtant, elles sont encore trop peu nombreuses à se faire dépister. Environ 200 femmes sont touchées par le cancer du sein chaque année au fenua.
Ce 1er octobre marque le lancement de la campagne de sensibilisation octobre rose. Pour l’occasion, à la mairie de Papeete, des professionnels de santé, de l’alimentation, des associations de soutien aux malades étaient présents. Un stand consacré au dépistage était également installé. Objectif : expliquer, et rassurer. « On fait 7000 mammographies par an, donc ça paraît beaucoup, mais en fait plus de la moitié des femmes ne vont pas se faire dépister, regrette la directrice de l’ICPF Teanini Tematahotoa. Quand on écoute les femmes et quand on leur pose la question, souvent ce qu’elles disent c’est déjà qu’elles ont peur d’avoir mal, donc on veut les rassurer, la mammographie ne fait plus mal, les nouveaux appareils ne font plus mal.«
« Plus de la moitié des femmes ne vont pas se faire dépister »
Le docteur Laurent Stein, médecin responsable du pôle dépistage à l’ICPF rappelle que plus un cancer est dépisté tôt, plus on a de chance d’en guérir. « Les femmes ont peur d’avoir un cancer, parce que pour elles un cancer, on va en mourir, alors que si on le dépiste tôt, comme l’a dit le ministre ce matin, 9 fois sur 10 on va guérir. Il faut vraiment changer l’idée que le cancer, c’est inévitable et qu’on va mourir à chaque fois. »
Le dépistage se fait à partir de 50 ans et jusqu’à 74 ans, tous les deux ans. Pas besoin d’ordonnance. Il suffit de prendre rendez-vous dans un cabinet de radiologie. L’examen est pris en charge par l’institut du cancer.
Béatrice se fait régulièrement dépister. Pour elle, c’est primordial. « Bon, je ne dirais pas que c’est très agréable, mais il faut le faire. (…) C’est important parce qu’il faut motiver toutes les femmes, il faudrait que toutes les femmes dans les îles aient accès aux mammographies, pas que les femmes de Tahiti.«
Les iles justement ne sont pas oubliées. La directrice de l’institut du cancer rappelle qu’un programme spécial a été mis en place pour permettre aux femmes vivant dans des zones éloignées de se faire dépister. « On a 12 mammographes en Polynésie qui sont répartis un petit peu dans toutes les îles. Mais voilà, en tout cas, même sur Tahiti, des femmes dans les vallées ou de la Presqu’île, elles n’ont pas forcément de moyens de transport, elles n’ont pas forcément de facilité pour se déplacer. Et donc on a mis en place un programme Tarona Tere avec les communes, où avec un bus en fait, on les accompagne vers un lieu de mammographie en groupe. On travaille déjà avec Arue et Paea et on aimerait l’étendre en fait à toute la Polynésie.«
L’institut du cancer relève chaque année un pic de dépistages au mois d’octobre. L’impact de la campagne est donc réel. Mais on le rappelle, le dépistage, c’est toute l’année.