Moerani Frébault : « Les coups de rabot prévus sur la défiscalisation sont beaucoup trop importants »

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    Le député de Polynésie, Moerani Frèbault était l’invité du journal de TNTV, ce dimanche soir. Débat sur l’utilisation de TikTok par les plus jeunes, projet de loi de finance, nomination comme secrétaire national chargé des outre-mer au sein du parti Renaissance ou encore création d’un Crous en Polynésie, l’élu a fait un tour d’horizon de son actualité. Interview.

    TNTV : Pour débuter, quel est l’évènement qui a retenu votre attention cette semaine ? 

    Moerani Frébault : « Pour faire un lien avec les travaux de l’Assemblée nationale, c’est le rapport sur TikTok. C’est important de pouvoir protéger notre jeunesse aussi et ce rapport préconise plusieurs choses, notamment l’interdiction des réseaux sociaux avant 15 ans. C’est une mesure qui est importante. Pour les 15-18 ans, on a d’autres mesures avec notamment un couvre-feu entre 22h et 8h du matin. C’est important pour le sommeil et la concentration de nos jeunes. Et une autre mesure qui est actuellement en discussion à l’Assemblée nationale, mais qui ne figure pas dans le rapport, c’est la fin de l’anonymat sur les réseaux. Ça, c’est quelque chose qui est très intéressant. Donc, une carte d’identité pour pouvoir bénéficier d’un compte. Les haters auront beaucoup plus de mal à faire des dégâts à visage découvert ». 

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    TNTV : Vous venez d’être nommé secrétaire national de Renaissance en charge de l’Outre-mer. Concrètement, que recouvre ce rôle ? 

    Moerani Frébault : « C’est une responsabilité nationale qui est importante au sein du parti, avec un ancrage qui est local puisque je le ferai à partir de la Polynésie pour l’ensemble des Outre-mer. La mission est variée. C’est déjà, premièrement, de pouvoir discuter de l’ensemble de ces sujets, d’être la voix du parti Renaissance au sein du bloc central pour les sujets ultramarins. Mais c’est aussi, la rédaction de tous les éléments programmatiques pour les élections à venir, notamment les prochaines élections présidentielles. C’est un changement qui est assez important dans la façon de procéder. Jusque-là, les programmes pour les élections présidentielles étaient rédigés à partir de la métropole. Et là, pour la première fois, nous, ultramarins, allons pouvoir proposer nous-mêmes les mesures qu’on aimerait voir appliquer en 2027, notamment après les élections présidentielles ». 

    TNTV : Quelles seront vos priorités ? 

    Moerani Frébault : « Etant donné le timing, ça va être le projet de loi de finances. Donc, on va avoir, dès le 7 octobre, les projets de budget qui seront déposés. Avec l’ensemble de mes collègues parlementaires ultramarins, on va devoir aller défendre pas mal de lignes budgétaires, dont les coups de rabot qui sont prévus sur la défiscalisation et que l’on estime être beaucoup trop importants. On sait tous qu’on a des efforts à faire au niveau des dépenses de l’État, avec une certaine marge d’économie à réaliser. Mais 300 millions d’euros, c’est-à-dire quasiment un tiers de l’effort fiscal qui est consenti pour les Outre-mer, c’est trop pour une seule année. Ça va être le principal combat que l’on va attaquer dès mon arrivée à Paris ».

    TNTV : Le 30 septembre, une rencontre est prévue à Paris avec le président de la République et plusieurs représentants des Outre-mer, dont le Président Moetai Brotherson. Quels seront, selon vous, les principaux sujets de cette réunion et ceux que vous souhaitez aborder ?

    Moerani Frébault : « Ce dîner de travail va tourner autour notamment du rapport Egéa-Monlouis, qui a été commandé par le président de la République. Il a été diffusé il y a quelques mois déjà. On ne va pas pouvoir faire, à mon avis, de sujets spécifiques sur la Polynésie parce qu’on va avoir beaucoup d’interlocuteurs autour de la table. Mais ça va être très intéressant de voir toutes les perspectives de développement institutionnel dans les Outre-mer en général, et dans le Pacifique en particulier, parce que forcément, on va avoir une attention particulière pour la Nouvelle-Calédonie. L’accord de Bougival, qui est en cours de discussion, élargit considérablement la ‘fenêtre d’Overton’. Donc, on va avoir les départements d’un côté et bientôt les dispositions de l’accord de Bougival. Ça laisse de grosses perspectives pour la Polynésie, quelques perspectives intéressantes notamment en termes de préférence locale pour l’emploi ou le foncier. Donc, on sera très attentifs à ces évolutions ».

    TNTV : Du côté du gouvernement central, nous en sommes aujourd’hui à 19 jours sans gouvernement. C’est un record. Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu doit présenter son équipe normalement le 1er octobre. Qu’attendez-vous de ces nominations et quel impact cela pourrait-il avoir sur vos travaux ? 

    Moerani Frébault : « C’est vrai que la présentation du gouvernement tarde un petit peu, mais c’était déjà la stratégie assumée dès le départ par notre nouveau Premier ministre. Il a expliqué qu’il voulait d’abord définir le ‘quoi’ avant le ‘qui’. Donc, à définir le projet, les maquettes de budget et le programme sur lequel il allait s’appuyer avant de devoir nommer des ministres prêts à porter ces combats. C’est important parce qu’on a 11 groupes au sein de l’Assemblée nationale. Il faut mettre tout le monde d’accord pour pouvoir obtenir une majorité sur les textes. C’est un travail qui est complexe et on attend surtout la nomination d’interlocuteurs pour qu’on puisse faire avancer nos dossiers. Ils sont nombreux. J’attends avec impatience la nomination du futur ministre des Outre-mer pour faire avancer nos différents dossiers ».

    TNTV : Avez-vous été approché pour prendre la fonction ? 

    Moerani Frébault : « Non, pas du tout. D’ailleurs, je ne suis candidat à rien. Ce n’est pas le fauteuil qui compte, c’est l’impact qu’on peut avoir pour porter nos dossiers. J’ai déjà une mission extrêmement dense avec celle de député. Avec la mission de secrétaire national, je dois m’intéresser non seulement au Pacifique, mais élargir maintenant à l’ensemble des bassins atlantiques, de l’océan Indien, de tous nos territoires d’Outre-mer. Je suis déjà extrêmement occupé ». 

    TNTV : Si on vous le proposait, vous seriez prêt à l’accepter, ce rôle ? 

    Moerani Frébault : « Je ne suis absolument pas candidat. Je viens d’être élu, ça ne fait qu’un an que je suis député. Je pense que je dois, à ceux qui m’ont fait confiance, de m’occuper des dossiers de la Polynésie, que je tente de porter au mieux ». 

    TNTV : On revient en Polynésie. Vous avez fait de la création d’un Crous (Centre régional des œuvres universitaires et scolaires, Ndlr) local pour les étudiants, l’un de vos chevaux de bataille. La question revient à chaque entrée. Y a-t’il des avancées ? 

    Moerani Frébault : « Oui. J’ai rencontré le président de l’Université il y a quelques jours, avec qui je prépare une mission conjointe en octobre en métropole, pour rencontrer justement les différents ministères. J’en ai parlé au nouveau haut-commissaire lors de notre entretien protocolaire. Le ministre des Outre-mer démissionnaire, donc Manuel Valls, s’est engagé, lors de ma demande, à renforcer les moyens du haut-commissariat pour l’ouverture d’un Crous. L’objectif est de faire en sorte que ça puisse être opérationnel à la prochaine rentrée scolaire. C’est la dernière université de l’ensemble de la métropole qui ne bénéficie pas encore d’un Crous et là on va pouvoir le faire avec un résultat très concret, c’est-à-dire des repas à 120 francs pour tous les étudiants post-bac, non seulement de l’Université, comme c’est le cas déjà, mais aussi ceux de l’ISEPP, de l’ensemble des classes préparatoires, et des BTS notamment ».

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