« J’ordonne au ministre de la Défense, Pete Hegseth, de déployer toutes les troupes nécessaires pour protéger Portland ravagé par la guerre, et nos installations de ICE (la police de l’immigration, ndlr) assiégées par des Antifa et d’autres terroristes intérieurs », a-t-il écrit sur sa plateforme Truth Social.
« J’autorise aussi l’usage de la force maximale si nécessaire », a-t-il ajouté, sans préciser ce qu’il entendait par là.
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Sollicité par l’AFP, le Pentagone s’est dit « prêt à mobiliser le personnel militaire américain », s’engageant à « fournir des informations et des mises à jour dès qu’elles seront disponibles ».
« Le nombre de soldats nécessaire est nul, à Portland comme dans toute autre ville américaine », a répondu le maire de la métropole, Keith Wilson, dans un communiqué. « Le président ne trouvera ici ni anarchie ni violence, à moins qu’il ne compte lui-même les commettre. »
« Il n’y a pas de menace contre la sécurité nationale à Portland », a abondé sur X la gouverneure démocrate de l’Etat d’Oregon, Tina Kotek, ajoutant n’avoir reçu « aucune information sur la raison ou l’objectif d’une quelconque mission militaire ».
Elle a également appelé les habitants au « calme », à l’instar du sénateur d’Oregon Ron Wyden qui exhorte sur X à « rejeter la tentative de Trump d’inciter à la violence ».
Ce dernier dénonce une « prise de contrôle autoritaire », quand une élue démocrate de l’Etat, Maxine Dexter, parle sur le réseau social d’un « abus de pouvoir flagrant » et d’une « trahison de nos valeurs américaines les plus fondamentales ».
Donald Trump, qui a déjà déployé l’armée à Los Angeles, Washington et Memphis, avait menacé début septembre d’envoyer la garde nationale dans la ville du nord-ouest des Etats-Unis, la plus grande d’Oregon, théâtre de manifestations importantes en mai 2020, pendant son premier mandat, après le meurtre par la police de l’Afro-américain George Floyd.
Ville « sanctuaire »
Le président républicain a érigé la lutte contre l’immigration clandestine en priorité absolue, évoquant une « invasion » des Etats-Unis par des « criminels venus de l’étranger » et communiquant abondamment sur les expulsions, dont l’ICE est un des principaux instruments.
Plusieurs manifestations et actions contre ICE ont éclos à travers le pays, notamment dans des villes dites « sanctuaires », comme Portland, qui protègent les migrants en situation irrégulière menacés d’expulsion.
Cette semaine, un homme a ouvert le feu sur un centre de l’ICE à Dallas, au Texas, tuant un détenu à l’intérieur et en blessant grièvement deux autres.
Le ministère de la Justice a engagé ces derniers mois des procédures contre les Etats « sanctuaires » de l’Illinois, de New York et du Colorado, ainsi que les villes de Los Angeles ou de Chicago notamment, tous dirigés par les démocrates.
En réaction à l’assassinat du militant ultraconservateur Charlie Kirk le 10 septembre, le président américain a par ailleurs signé lundi un décret classant le mouvement « Antifa », qui rassemble des groupes se réclamant de l’antifascisme, comme « organisation terroriste ».
Sans connaître immédiatement le mobile de cet assassinat, la droite trumpiste a rapidement désigné la gauche américaine comme responsable du climat de violence politique dans le pays et parlé de « terrorisme intérieur ».
Dans le cadre de sa lutte contre la criminalité dans les métropoles démocrates, Donald Trump a pris il y a deux semaines un décret pour déployer les militaires réservistes de la Garde nationale à Memphis (sud), ville à majorité noire du Tennessee.
Les gardes nationaux sont formés pour intervenir sur des catastrophes naturelles mais ils peuvent également combattre à l’étranger.
Après Los Angeles en juin, où des Marines ont également été déployés, la Garde nationale a été appelée à Washington, la capitale fédérale, mi-août.
Donald Trump a aussi menacé d’envoyer des policiers fédéraux et des militaires à Chicago, New York ou Baltimore.