Mère de famille, elle tente de mettre fin à ses jours : « la vie est précieuse, même si elle peut sembler cruelle »

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    Après plusieurs tentatives de suicide, Sophie* raconte comment elle a réussi à s’en sortir grâce à l’accompagnement de professionnels et de proches. Aujourd’hui, elle tend la main à ceux qui traversent la même détresse.

    « On me disait toujours : pense à tes enfants, pense à ta maman. J’ai pensé à mes enfants et je les aime plus que tout. Mais tu les fais souffrir, en fait. Tu fais souffrir ceux qui sont autour de toi et qui ne comprennent pas et tu te distances. C’est ça. Non seulement je souffre, tu n’as pas d’échappatoire parce qu’il y a tout qui te tombe dessus » , raconte Sophie*. Mère de famille dans sa quarantaine, elle revient de loin.

    En 2022, après plusieurs tentatives passées sous silence ou minimisées par son entourage, elle passe à l’acte. « Je ne l’ai jamais caché, j’en parlais autour de moi. Mais on ne me croyait pas. On me disait que ça allait passer, que j’étais forte. Pourtant, il y avait des signes. Tu ne passes pas à l’acte comme ça » .

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    Un enchaînement de drames

    Pour Sophie, ce basculement s’explique par une accumulation d’événements douloureux. « Quand je dis que la vie m’a frappée, c’est d’abord la perte brutale de mon papa. Une heure avant son mariage, il est décédé. Je n’ai pas eu le temps de me préparer, pas eu le mode d’emploi de l’après » .

    Ce choc vient s’ajouter à une succession de difficultés familiales et personnelles. « J’étais le pilier de la famille. On ne me croyait pas parce que j’étais cette femme forte » . Une amie proche s’est également suicidée, renforçant le sentiment d’un destin sans issue.

    À ce moment-là, Sophie est aussi affaiblie par des problèmes de santé. « J’ai été traitée pour une leucémie. , j’avais des médicaments, c’était sous surveillance (…). Je savais que c’était le cocktail qu’il me fallait. Mais je n’avais pas le courage d’aller jusqu’à m’attacher une corde au cou. Par contre, de vouloir sauter d’une falaise (…). En fait, j’ai l’impression que tu prépares » .

    « Quand tu te réveilles aux urgences »

    Le jour où elle tente de mettre fin à ses jours, Sophie atteint ce qu’elle décrit comme un « pic » . « C’est comme un blackout. Tu ne vois plus rien, tu n’entends plus rien. Il n’y a plus rien qui compte » .

    Elle survit et se réveille aux urgences. « Pour moi, c’est là que j’ai commencé à m’en sortir. Parce qu’autour de moi, il y avait des psychiatres, des psychologues, ma famille. J’ai compris que j’étais prise en charge, que je n’étais plus seule » .

    Mais le plus difficile restait à venir : le retour à la vie quotidienne. « Tu as une prise en charge. Mais une fois que tu es dehors, c’est là que tu es face à tes démons. Et grâce à SOS Suicide, parce qu’ils ont pris en charge la continuité de mes consultations chez la psychologue, j’avais même droit à des séances de massage j’ai été accompagnée » .

    De victime à soutien pour les autres

    Aujourd’hui, Sophie a choisi de transformer son expérience en force. Elle intervient ponctuellement pour l’association et écoute ceux qui, comme elle autrefois, pensent que la vie ne vaut plus la peine d’être vécue. « J’ai passé des heures au téléphone avec des personnes que je ne connaissais pas » , raconte-t-elle. Par exemple, avec « une fille que je connais pas du tout en plus, tentait de se suicider. Elle était à sa troisième, quatrième tentative » .

    Elle ne se considère pas comme une héroïne, mais comme une survivante. « Le choix, il te revient. Tu as deux choix, tu t’en sors ou pas. Et c’est ça, c’est ce que je dis aussi. Soit tu veux t’en sortir, soit tu t’en vas » .

    Au-delà du suivi médical, Sophie insiste sur l’importance du regard des autres. « Il y a les critiques, la méchanceté gratuite sur les réseaux sociaux. Les gens ne se rendent pas compte du mal qu’ils peuvent faire » , soupire-t-elle.

    « La vie vaut la peine d’être vécue »

    Trois ans après son passage à l’acte, Sophie continue son chemin, plus solide qu’avant. « La vie est précieuse, même si elle peut sembler cruelle. Aujourd’hui, je suis consciente que des malades se battent pour vivre » , souffle-t-elle.

    Elle espère que son témoignage aidera d’autres personnes à franchir le pas vers l’aide. « C’est difficile, mais ne restez pas seuls. J’ai envie de dire à ceux qui le font, de rester bienveillant, d’arrêter d’utiliser les réseaux sociaux pour faire du mal » , conclut-elle.

    *Le prénom a été modifié

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