Lors de sa prise de parole, ce samedi, le ministre de la Santé Cédric Mercadal a défendu le projet de texte. « Si l’on veut pouvoir soigner tout le monde et payer les retraites (…), il faut réformer le régime », a-t-il dit, ajoutant qu’à l’horizon 2040, « on sera à un cotisant pour un retraité ».
« C’est l’équité et la solidarité qui guident cette réforme : mettre fin à la primauté, mettre fin au recours excessif au RST (…), faire cotiser les gens sur leurs revenus réels, car mine de rien, il y a beaucoup de gens qui optimisent », a-t-il martelé.
« Quand on a plus de 5 maisons, on devient loueur professionnel. Ça devient une activité principale », a ajouté le ministre, selon qui « 85 % des gens ne seront pas touchés » par la réforme.
Le président du Pays, Moetai Brotherson est, lui aussi, monté au créneau. « Il y a eu beaucoup de fantasmes et de désinformation », a-t-il regretté : « Aujourd’hui, si vous êtes salarié et que vous n’avez pas d’activité à côté, rien ne change pour vous. Et si vous êtes au RNS (…) cela peut potentiellement changer les choses pour vous, mais en mieux ». « Ce texte n’est pas un impôt sur le revenu, n’est pas confiscatoire et n’est pas anti-entrepreneurial », a encore tonné le chef de l’exécutif.
Les élus Tavini lui ont emboité le pas. « Il ne s’agit pas d’un nouvel impôt (…) Il ne faut pas confondre cotisations et fiscalité », a argué Rachelle Flores.
« Le texte prévoit que les cotisations des plus faibles revenus seront prises en charge par le Pays », a enchainé Odette Homai, « le petit pêcheur ou l’artisan pourront continuer à être couverts (…) sans devoir sortir des cotisations qu’ils n’ont pas les moyens de payer (…) Chacun selon ses moyens, chacun selon ses besoins ».
« Trop d’impôt tue l’impôt »
Nuihau Laurey
Des arguments balayés par les représentants de l’opposition, vent debout contre la réforme, de même que la majorité des membres du CESEC qui ont rendu un avis défavorable sur le projet de texte.
« C’est une manœuvre politique. Cela ressemble à un impôt sur le revenu déguisé », a soufflé l’élue Tapura Cathy Puchon. « C’est un impôt qui n’a pas sa place dans notre pays », a renchéri sa collègue Pascale Haiti, « si vous le votez, ce sera la faillite de notre pays (…) vous aggravez la pression fiscale ».
Pour la représentante, le texte est en outre « illégal et probablement anticonstitutionnel ». « C’est une réforme qui décourage l’initiative et créé un monstre administratif (…), un texte mal conçu, illisible (…) et profondément injuste », a-t-elle ajouté.
Même son de cloche sur le banc de non-inscrits. « C’est un texte que seule la majorité soutient », a déclaré Nuihau Laurey : « Cette addiction à l’impôt conduit à un sous-emploi (…) et génère le travail au noir et les faux patentés (…) Trop d’impôt tue l’impôt (…) Vous fabriquez une économie de la pauvreté », a-t-il tonné en dénonçant un texte « imparfait, inéquitable et anti-économique ».
Le représentant a proposé un amendement pour obtenir le report de l’application du texte au 1er janvier 2027 dans l’optique d’une « adaptation plus consensuelle (…) avec l’ensemble des partenaires sociaux ».
À noter que l’élue Tavini Hinamoeura Morgant-Cross s’est désolidarisée, ce samedi, de son groupe en reprochant au ministre de l’Économie et des Finances de ne pas avoir présenté sa réforme fiscale en même temps que le texte étudié ces derniers jours.
« Je suis contre. Je demande un report », a-t-elle lâché, s’attirant les foudres de sa collègue Teumere Atger-Hoi visiblement irritée. « Pour qui tu te prends », lui a-t-elle lancé.
Les débats se sont poursuivis tard dans la nuit, ce samedi, avant une suspension de séance. Elle reprendra ce lundi.